Tunisie: le meurtre de deux opposants revendiqué au nom du groupe EI

Des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique ont revendiqué ce jeudi 18 décembre l'assassinat de deux opposants tunisiens. Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, opposants notoires aux islamistes, avaient tous deux été tués en 2013 à Tunis. Leurs meurtres avaient suscité une très grande émotion bien au-delà des frontières de la Tunisie. Ces assassinats ont été revendiqués dans une vidéo diffusée sur internet.

Dans cette vidéo tournée en Syrie, trois jihadistes tunisiens appellent leurs concitoyens à ne pas voter à la présidentielle et même à prendre les armes en déclarant la Tunisie : « Terre de jihad ». Il s’agit de trois anciens d’Ansar al-Charia, un mouvement jihadiste tunisien, qui ont rejoint le groupe Etat islamique. Parmi eux, celui que les autorités tunisiennes ont toujours présenté comme le principal suspect du double meutre : Abou Bakr al-Hakim, un Franco-Tunisien. « C’est nous qui avons tué Belaïd et Brahmi », dit ce colosse à la barbe fournie, dans cette vidéo, le doigt pointé vers la caméra.

Abou Bakr al-Hakim est né à Paris en 1983 et a grandi dans le 19ème arrondissement. Son parcours relève de l’épopée jihadiste. En 2005, à l’âge de 21 ans, il est déjà vétéran du jihad en Irak contre les Américains. Arrêté en Syrie, il est expulsé en France et condamné à huit ans de prison dans l’affaire des filières irakiennes. En 2011, il est libéré et part s’installer, au lendemain de la révolution, en Tunisie où il rejoint les jihadistes Ansar al-Charia. Abou Bakr al-Hakim organise alors un important trafic d’armes avec la Libye.

En 2013, il participe directement aux assassinats des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, tous deux tués avec la même arme. Recherché par la police, il affirme dans la vidéo avoir ensuite rejoint le maquis jihadiste tunisien sur le mont Chaambi, à la frontière algérienne, au sein de la brigade Okba Ibn Nafaa.

C’est après tout cela que Abou Bakr al-Hakim est parti combattre en Syrie au sein de l’organisation Etat islamique, groupe au nom duquel il revendique, en vidéo, pour la première fois, ces deux assassinats au nez et à la barde des autorités tunisiennes.

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