La salle retient son souffle lorsque le témoin arrive à la barre. Vêtu d’une djellaba blanche, le visage et la tête entièrement dissimulé par un foulard, des lunettes de soleil sur les yeux. C’est un ex-membre de la rébellion ougandaise des ADF-Nalu, explique-t-il. Il y a quelques mois, il s’est rendu à la Monusco, la force onusienne.
Première question du ministère publique : connaît-il l’un des 13 prévenus qui sont présents. Sans hésiter, le témoin désigne le colonel Birocho Nzanzu Kosi. Il raconte l’avoir rencontré une seule fois. A l’époque, le colonel lui aurait fourni des uniformes de l’armée congolaise pour préparer une attaque. Le début d’une collaboration régulière.
Accusations rejetées
Le témoin est formel : l’officier congolais aurait permis d’organiser l’assassinat du colonel Mamadou Ndala en fournissant tous les détails de son itinéraire et son heure de départ. Des accusations très lourdes que le prévenu a entièrement rejetées. L'officier, membre de la Direction de contrôle des frontières, affirme ne pas connaître cet homme.
Le témoignage soulève aussi des questions. D’abord pourquoi a-t-il fallu autant de temps à l’Etat congolais avant de le produire ? Le ministère public affirme que le témoin a été interrogé le 18 août dernier, mais que son procès-verbal se serait ensuite mystérieusement égaré. Pourquoi réapparaît-il aujourd’hui, s’interroge la défense, lors que le procès est ouvert depuis un mois ? Autant de zones d’ombre que le procès va devoir éclairer dans les prochains jours.