En décembre 2010, le parquet néerlandais autorise - sur demande du Rwanda - une fouille des maisons de l'opposante rwandaise déjà emprisonnée et en attente d’un procès. Son ordinateur et ses documents sont saisis. Cette décision provoque l'ire du mari de Victoire Ingabire qui s'oppose, avec l'aide d'un avocat néerlandais, au transfert de ces biens personnels vers Kigali.
Lin Muyizere et son conseil estimaient qu’en agissant ainsi, les Pays-Bas participeraient à un procès qui ne pouvait être qu’inéquitable, puisque politique. En 2011, la justice néerlandaise donne raison au parquet. Et le ministère de la Justice envoie une lettre à l’avocat de la famille Ingabire pour expliquer qu’il avait reçu toutes les garanties de Kigali que la peine de mort ne serait pas appliquée et que le procès serait juste et équitable.
Un procès critiqué par les défenseurs des droits de l’homme
Finalement, l’opposante rwandaise est condamnée à huit puis à quinze ans de prison à l’issue d’un procès décrié par toutes les organisations internationales de défense des droits de l’homme. En juin dernier, le rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’association avait insisté sur le cas Ingabire, notant avec inquiétude que presque tous les opposants étaient en prison ou en exil. « La criminalisation de tout désaccord pacifique inculque la peur et empêche toute dissidence », avait considéré Maina Kiai.
Coïncidence ? C’est au moment où les autorités rwandaises poursuivent Victoire Ingabire que les services d’immigration néerlandais ont lancé une enquête sur son mari. Procédure qui aboutit aujourd’hui aux menaces de retrait de son passeport.