Guinée: le président Condé appelle à la mobilisation contre Ebola

La situation en Guinée, d'où est parti le virus Ebola, est quelque peu éclipsée par les mesures drastiques prises dans les pays voisins très touchés, mais elle reste préoccupante. Le président guinéen s'est exprimé mardi après-midi devant les médias. Médias qu'il invite, au même titre que l'ensemble de la population, à se mobiliser contre le virus.

C’est un appel à la mobilisation générale contre Ebola qu’a lancé Alpha Condé alors que le virus n’a jamais été aussi meurtrier dans le pays. Plus de 237 cas au mois d’août, c’est plus du double du pic observé précédemment. « C’est la guerre contre Ebola, tous les Guinéens doivent se mobiliser », a déclaré le président en demandant aux médias d’aider le gouvernement à informer les populations qui sont parfois trompées par des rumeurs.

L’initiative est soutenue par son ami de lycée, Bernard Kouchner, puisque l’ancien ministre français, co-fondateur de Médecins sans frontières, était assis à la droite du président. « Si le virus se propage autant actuellement, c’est parce que la chaîne de contamination a été réactivée à cause de la situation au Liberia et en Sierra Leone », explique Alpha Condé. Il évoque aussi un « laisser-aller » des médecins qui ne se sont pas protégés comme il fallait le faire.

Combattre la psychose

S’il reconnaît la gravité de la situation, le président dénonce en revanche une psychose qui ne repose sur rien et déplore que les hôtels soient vides et que les gens aient peur de venir en Guinée.

L’autre objet de son courroux concerne la fermeture des frontières, par la Côte d’Ivoire et le Sénégal notamment. « Comment comprendre que les compagnies étrangères continuent de desservir le pays, que le Mali garde ses frontières ouvertes, mais que certains voisins ferment les leurs ? », interroge-t-il. Une critique également émise par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union africaine.


■ L'opposition guinéenne dénonce les faiblesses de l'Etat

Ceylou Dallein Diallo, le président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) appelle le gouvernement à s'appuyer sur toutes les forces politiques du pays : « J’ai noté quand même quelques faiblesses. Par exemple, le retard volontairement pris pour annoncer l’apparition de la maladie. Ensuite le fait qu’à un moment donné, on s’est préoccupé beaucoup plus de l’image du pays par rapport aux besoins des investisseurs et qu’on a même diffusé des statistiques qui ne reflétaient pas la réalité. »

« C’est vrai que les structures de santé sont fragiles et que l’Etat n’a pu réserver que  2,4 % de son budget au secteur de la santé, alors que l’OMS recommande de porter ce ratio à un minimum de 15 %, concède Ceylou Dallein Diallo. C’est sûr qu’on ne s’attendait pas à Ebola, mais la manière dont ça a été géré, ce n’était pas optimal. Nous, nous n’avons pas été associés. Je pense que c’est un problème de sécurité nationale qui requiert la contribution, l’association de tous les efforts, de tous les fils du pays, de toutes les organisations, de toutes les associations y compris les partis politiques de l’opposition. »

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