Les survivants parlent d'un déluge de feu : armes blanches, fusils automatiques, grenades incendiaires, des bidons d'essence aussi pour mettre le feu aux abris dans lesquels ces réfugiés avaient voulu se cacher.
La plupart étaient couchés quand des assaillants venus du Congo, parlant, selon les témoins, kirundi, mais aussi kinyarwanda et swahili ont attaqué le camp de Gatumba pendant plus de deux heures. Deux heures sans que la brigade de la gendarmerie et le bataillon de l’armée burundaise, dont les camps étaient situés dans un rayon d'un kilomètre à peine, ne bougent.
Au lendemain de l'attaque, Pasteur Habimana, le porte-parole des rebelles burundais du Front national de libération (FNL) d’Agathon Rwasa avait revendiqué cette attaque sur des radios locales et internationales, avant de se rétracter.
Dans les semaines, les mois qui ont suivi, plusieurs rapports et notamment de l'ONU et de Human Rights Watch suggèrent que ce massacre avait été soigneusement planifié, que c'étaient bien les Banyamulenge congolais et non pas d'autres ethnies qui avaient été visés puisque les autres camps situés autour avaient été épargnés.
Parmi les groupes pointés du doigt, les FNL d'Agathon Rwasa, mais aussi des Maï-Maï congolais et les Rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
L'an dernier, en septembre, le parquet avait finalement ouvert une enquête judiciaire visant le chef historique des FNL, Agathon Rwasa. Son camp dénonçait la volonté du pouvoir de neutraliser l'opposant politique.