Jean-Bertrand Ewanga a été arrêté à son domicile le matin. C’était aux environs de 6 heures. Les policiers en civil, munis d’un mandat du procureur général de la République, ont forcé la porte, avant que le secrétaire général de l’Union pour la Nation congolaise (UNC) - également député national - ne puisse lui-même se rendre.
Une fois entre les mains des policiers, il a été directement conduit au parquet général de la République. Et c’est là que le président du groupe parlementaire de l’UNC, qui est lui aussi avocat, Baudoin Mayo, l’a retrouvé.
« Offense au chef de l’Etat »
Jean-Bertrand Ewanga a dit que le mandat émis par le procureur général de la République mentionne comme motif « offense à la personne du chef de l’Etat ». A peu près le même motif est évoqué par le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, à RFI lors d’un entretien ce mardi dans son bureau. Il a confirmé que cette arrestation était bien liée au meeting de l’opposition, lundi, place Sainte-Thérèse dans la commune de Ndjili.
« Monsieur Ewanga a abusé de sa liberté d’expression. Je crois qu’il est allé un peu loin », a déclaré le ministre. Richard Muyej a également affirmé que tous les discours du meeting ont été analysés et « nous avons arrêté celui qui avait une dose particulière dans le contenu de son message ». Il reste donc maintenant à savoir quelle procédure va suivre la justice dans cette affaire.
De son côté, le président de l’Union pour la Nation Congolaise, Vital Kamerhe, dénonce, depuis Washington (où il se trouve actuellement), l’arrestation, ce mardi 5 août, à Kinshasa, de Jean Bertrand Ewanga.
« Nous nous posons la question de savoir si l’on doit arrêter un député national, secrétaire général d’un parti politique. Moi, je crois que la présomption d’innocence c’est d’abord la règle. Donc, on devait le convoquer calmement et ce n’est pas à l’ANR - c'est-à-dire aux services de d’intelligence - de faire le travail du parquet ou du secteur judicaire. Ainsi, nous sommes véritablement dans une jungle où tout est aux ordres du président Kabila et, par conséquent, la justice, les services d’intelligence, l’armée, la police, l’administration publique et même l’économie», a-t-il déclaré à RFI .
« Le pays appartient donc à Mr Kabila et il peut faire ce qu’il veut. Il a droit de vie et de mort sur chaque citoyen congolais. Nous dénonçons cette arrestation de façon la plus ferme possible et nous demandons aux Congolaises et aux Congolais de se lever comme un seul homme pour dire « non » à Mr Kabila. Trop c’est trop. Et moi-même quand je vais rentrer à Kinshasa, avec d’autres amis, nous allons directement nous constituer prisonniers là-bas pour que Kabila arrête tout le monde et que le peuple lui même puisse se libérer », a ajouté Vital Kamerhe.