Le long de la côte, la discrimination des populations autochtones, spoliées de leur terre et de leurs droits depuis des décennies a toujours constitué un terreau de contestation du pouvoir central et a fait naître le mouvement sécessionniste, le Conseil républicain de Mombasa. Parallèlement, s'est opérée, ces dernières années, une radicalisation de la jeunesse à travers le Centre de la jeunesse musulmane, MYC, devenu Al Hijra, lié aux shebabs. Autant d'éléments qui doivent être pris en compte dans la compréhension du phénomène actuel, selon Bryan Kahumbura, chercheur pour le think tank International Crisis Group.
« Les personnes qui mènent les attaques peuvent appartenir à l'un des nombreux groupes, explique le chercheur. Il est possible qu'ils soient membres du Conseil républicain de Mombasa, mais aussi membres du Centre de la Jeunesse musulmane, cela peut également être des jeunes partis s'entraîner en Somalie et qui sont revenus. Nous sommes encore en train de comprendre la genèse de tout cela. Mais, le Kenya aurait dû s'inquiéter depuis longtemps», affirme Kahumbura. Et d'ajouter: « Cette situation était prévisible et ne peut désormais qu'empirer.»
Nouvelle attaque
Les services de renseignements tout comme la police ont été incapables de prévenir ces attaques. Pourtant, le canton de Lamu n'est pas grand et tout le monde se connaît. « C'est une communauté très fermée, poursuit le chercheur de l'ICG. Ils savent quand quelqu'un disparaît pendant une ou deux semaines. Ils savent quand quelqu'un a voyagé. Et un nouveau visage est immédiatement identifié comme provenant de tel village, telle communauté».
Si plus de 60 personnes ont été arrêtées ces derniers jours, cela n'a pas empêché une nouvelle attaque de survenir jeudi soir à Pandanguo, village déjà ciblé il y a deux semaines.