C'est une nation déchirée, meurtrie par sept mois de chaos et de guerre civile, où au moins 4 millions de personnes sont menacées de famine. Le Soudan du Sud a célébré, ce mercredi, le troisième anniversaire de son indépendance. Malgré un appui financer énorme de la communauté internationale, on parle là d'un Etat failli. Mardi, avant d'achever son mandat à la tête de la mission des Nations unies, Hilde Frafjord Johnson a dressé un réquisitoire sans appel. Elle évoquait des dirigeants sud-soudanais occupés à servir leurs propres intérets, dévorés par le cancer de la corruption et qui ramènent le pays des décennies en arrière.
On est loin des propos lénifiants tenus à Juba par Ann Itto, secrétaire général du parti au pouvoir, le SPLM, qui se félicitait que le gouvernement ait jeté les bases d'une nation. Rien ne permet de penser qu'à court terme, la situation des 11 millions de Sud-Soudanais va s'améliorer. Le président Salva Kirr et son adversaire Riek Machar ont beau clamer qu'ils souhaitent reprendre les pourparlers de paix, ils ne font aucun geste concret prouvant leur bonne foi. Quant à la communauté internationale, elle a beau mutliplier les pressions, elle n'arrive pas empêcher l'effondrement de la plus jeune nation du monde.
« En ce jour anniversaire, des gens du même pays se livrent une guerre »
Mardi, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a une nouvelle fois appelé les belligérants à déposer les armes. Ce mercredi, c'était au tour de Washington de renvoyer dos à dos Salvar Kiir et Riek Machaar. Trois cessez-le-feu sont en effet restés lettre morte, ce que regrette la vice-secrétaire d'Etat américaine chargée des Affaires africaines, Linda Thomas-Greenfield.
« Ils doivent respecter l'accord sur le cessez-le-feu, juge cette dernière. C'est un gros problème, car les combats ont repris après la signature de l'accord. Donc, nous encourageons les deux parties à respecter le cessez-le-feu. Nous sommes par ailleurs très préocuppés par la famine qui guette, si l'on en croit les agences humanitaires qui nous alertent. Elles parlent d'une famine causée par les hommes. Car en raison de l'insécurité, les paysans ne peuvent plus s'occuper de leurs terres. »
Et Mme Thomas-Greenfield d'insister : « Trouver un accord de paix, c'est bien. Mais si vous ne l'honorez pas, on ne pourra pas aller très loin. Donc, nous encourageons les parties à honorer cet accord, à retourner à la table des négociations, et à se préparer à aller de l'avant, pour que ce pays puisse célébrer ce troisième anniversaire. Car nous sommes excités par ce troisième anniversaire, mais en ce jour anniversaire, des gens du même pays se livrent à une guerre, et c'est très triste. »