La presse algérienne affirmait ce week-end qu’Alger et Paris étaient intervenus dans le sud de la Libye contre des groupes de jihadistes. Les deux ministres des Affaires étrangères ont démenti, mais le pays est bien au cœur des préoccupations de l’Algérie comme de la France.
« Il faut être très attentifs aux questions de sécurité. Il y a beaucoup d’armes. I y a des groupes dans certains coins qui sont des groupes terroristes. Et il y a des risques sur la Libye et sur les pays voisins. Sur la nécessité donc de trouver une solution politique d’une part et sur la nécessité de ne pas permettre des débordements sécuritaires, je pense que là-dessus nous sommes tout à fait d’accord », a notamment déclaré Laurent Fabius.
L’autre question sécuritaire qui implique la France et l’Algérie, c’est celle du nord du Mali. La coopération est bonne, estiment les deux ministres, qui évoquent un partage de renseignements. Quant aux groupes terroristes repliés en Algérie après l’intervention française, Ramtane Lamamra affirme qu’il n’y en a pas : « En aucune façon, nous ne pourrions accepter l’idée que des jihadistes se cacheraient en Algérie sans que des mesures appropriées soient prises pour y mettre fin ».
Alger accueille depuis jeudi plusieurs groupes du nord, pour de nouvelles négociations. Une initiative qui facilite la gestion de la crise malienne, selon Laurent Fabius.
■ Débat autour de l’exploitation du gaz de schiste
Parmi les dossiers à l'ordre du jour de la visite de Laurent Fabius, il y a le gaz de schiste. Laurent Fabius avait en effet annoncé fin 2012 qu’Alger et Paris signeraient un accord pour des recherches françaises en Algérie pour une exploitation des gaz de schiste. Exploitation autorisée officiellement en Algérie le 21 mai dernier. Or dans le pays, tout le monde n'est pas d'accord. Des manifestations ont été organisées cette semaine pour refuser ce projet par crainte de conséquences écologiques.
C'est ce que redoute également Robert Pilli, responsable d'un collectif français opposé à ce type d'exploitation : « Il faut savoir que l’entreprise Total est déjà en Algérie depuis pas mal de temps. Elle a déjà obtenu de la part du gouvernement algérien l’autorisation d’aller commencer à fouiller et, dans ses projections, il y a grosso modo une quarantaine de puits à percer. Nous, ce que l’on dit en France, c’est que monsieur de Margerie, le patron de Total, alors qu’en France c’est interdit et il ne peut plus le faire, et il va pouvoir le faire ailleurs. C’est ce qu’on nous a prétexté pendant des années en nous disant « partout ailleurs, mais pas dans mon jardin ». En fait, on est en train de retourner ça au niveau de Total puisqu’il ne peut pas le faire chez lui, mais il va le faire chez les autres. Il va pourrir la vie des autres. Qu’est-ce que ça va rapporter aux Algériens ? On se dit qu’en Algérie, où effectivement l’eau est une ressource rare tout au moins, le problème, c’est que ça va pourrir toute cette eau de la nappe albienne, ça c’est clair. Et c’est confirmé aujourd’hui aux Etats-Unis par plusieurs études scientifiques qui ont été élaborées ces derniers mois ».