Florent Geel, le directeur Afrique de la FIDH, a lancé l’attaque vendredi 6 juin :
« La lutte contre la corruption est une lutte absolument légitime et absolument nécessaire. On est tous d’accord. Pour autant, aujourd’hui, est-ce que la Crei est le meilleur outil pour poursuivre ces présumés responsables ? Nous ne le pensons pas. Nous pensons que, aujourd’hui, il est absolument nécessaire d’arrêter probablement les dégâts avec la Crei, et de réengager si la possibilité se présente des procédures selon le droit normal et général qui garantissent pleinement les droits de la défense et la légalité des poursuites ».
« Il ne s’agit pas d’impunité, il s’agit par contre de respecter le droit »
« C’est, en tout cas, probablement la meilleure solution puisque aller à un procès inéquitable, qui risque de subir des appels devant des juridictions régionales ou internationales, serait aussi tout à fait désastreux. Il ne s’agit pas d’impunité, il s’agit par contre de respecter le droit et de respecter les droits de la défense pour faire que de tels procès soient totalement inattaquables et que la légitimité à combattre la corruption ne soit pas entachée par une suspicion d’illégalité, de violation des droits et de violation des droits humains ».
Mame Mbaye Niang, de l'Alliance pour la République (APR), sur la défensive, a réfuté ces accusations dès le lendemain : « Ce n’est pas nous qui avons créé la Crei. C’est une juridiction qu’on a réactivée. Mais nous, nous avons mandat de 65% de Sénégalais pour lutter contre la corruption et que l’argent du contribuable ne soit pas détourné. Mais pour ce faire, la Crei était au moins efficace ».
« S’il est innocent qu’il brandisse les documents qui prouvent son innocence »
« Tout système judiciaire mérite d’être amélioré. Par contre ce que je ne comprends pas, c’est que ces ONG et ces ligues de droit de l’homme, lorsque nos institutions sont attaquées par une personne qui est le père de ce monsieur-là dont on parle, ces ONG-là ne se prononcent pas. Ils ne font même pas un communiqué. Et pourtant ça ne dérange personne. Je trouve vraiment douteux qu’il y ait pas mal de Sénégalais qui font face à la crise et dont on ne parle pas. Pourquoi est-ce que ces organismes-là se prononcent seulement par rapport à un monsieur qui s’appelle Karim Wade qui est un Sénégalais justiciable ? C’est ça que je ne comprends pas. Comment est-ce qu’on peut anticiper sur un procès qui va venir, en se disant qu’il n’y aura pas d’équité ou de transparence. Mais non, il y a eu des charges. Si il est innocent, il vient, et qu’il brandisse les documents qui prouvent son innocence ».
Le fils de l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, Karim Wade, est accusé d'avoir détourné 178 millions d'euros lorsqu'il était ministre.