Les quelques centaines d'habitants du PK5 sont en colère. Ils l'ont dit, ce mercredi 30 avril à l'aube, à la sortie de la mosquée. Mardi après-midi déjà, lors d'une marche au cours de laquelle ils ont accompagné la dépouille mortelle d'un jeune homme de 19 ans massacré la veille, des voix se sont élevées.
« Il a été enlevé, abattu avec des machettes. Sa tête a été coupée ; son sexe a été coupé. Vraiment, c’est horrible », s’est insurgé Makhmoud Hissène, l'un des responsables du quartier.
Ce genre de drame atroce réveille la colère contre les autorités accusées d'être trop conciliantes vis-à-vis des anti-balaka. Colère aussi, bien sûr, contre les anti-balaka eux-mêmes qui ne cessent de harceler le quartier.
Rester ou bien fuir
« On ne peut pas sortir ; on ne peut pas aller à l’hôpital, même si nous sommes malades. Il y a aussi nos frères morts que nous n’avons pas pu enterrer parce que les cimetières étaient occupés par les éléments des anti-balaka. Pareil pour les banques. Nous ne pouvons pas aller chercher de l’argent car si on y va, on va nous capturer, on va nous assassiner », accuse Ousmane Abakar, une figure du PK5.
A chacun des musulmans du PK5 se pose le même dilemme : rester ou partir. Le départ pour la localité de Kabo des 1300 musulmans du PK12 n'aide pas à faire son choix. Certes, ils ont sauvé leur vie, mais ils ont tout perdu.
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« Lorsque nos frères du PK12 sont partis vers le Nord, ils ont été pillés. Leurs maisons ont été détruites ainsi que tous leurs biens. C’est pour cela que d’autres musulmans voulaient rester : pour leurs biens, pour leurs maisons », ajoute Ousmane Abakar.
Une situation intenable et qui pourtant dure depuis des mois.
Plus d'archives
Signe de plus des dégâts en Centrafrique, depuis le début de la crise, le pays ne possède plus d'archives, aux Affaires étrangères. Les documents ont été pillés, détruits, ou incendiés. Pour remédier à cette situation, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a récemment remis plusieurs cartons contenant documents et traités internationaux de la Centrafrique. C'est le chargé d'affaires centrafricain aux Nations unies qui les a reçus. Mesmin Dembassa souligne l'importance de ces documents pour la mémoire et l'histoire de son pays.