Rwanda: trois personnes arrêtées pour «menace» contre l’Etat

Trois personnes, dont un journaliste radio porté disparu une semaine plus tôt et un musicien célèbre, ont été arrêtées par la police rwandaise. Cette dernière les accuse, ce lundi 14 avril, de « menacer la sécurité de l'Etat ». Les autorités ont indiqué dans un communiqué disposer de « plusieurs preuves » démontrant que les trois hommes sont impliqués dans l'organisation d'un attentat contre l'Etat, en collaboration avec le Congrès national rwandais (RNC, parti d'opposition en exil), associé à Patrick Karegeya, un ancien chef de l'espionnage assassiné en Afrique du Sud début 2014.

L’un des trois hommes arrêtés - Cassien Ntamuhanga - est un journaliste, réputé sans histoires et travaillant dans une radio chrétienne baptiste. Il était porté disparu depuis le 7 avril, selon l’ONG Reporters sans frontière (RSF). Il est accusé, selon une source proche du dossier, d’avoir financé l’achat de grenades en vue de fomenter un attentat à Kigali. Selon des sources contactées par RSF, Cassien Ntamuhanga avait été questionné à plusieurs reprises, ces dernières semaines, par des hommes du renseignement militaire à propos d’un de ses confrères, en fuite, accusé de travailler pour une radio d'opposition.

Le deuxième homme - Kizito Mihigo - est un rescapé du génocide, devenu un chanteur très célèbre au Rwanda, prônant la paix et la réconciliation. Il est accusé, quant à lui, d'avoir donné son aval au projet et de chercher à se rendre plus populaire encore. Selon ses proches, le chanteur - disparu depuis plus d'une semaine - n'avait assisté à aucune commémoration pour les vingt ans du génocide. Mais il avait évoqué, dans sa dernière chanson, les crimes dont est accusé le Front patriotique rwandais (FPR), aujourd’hui au pouvoir.

Enfin, le troisième détenu s'appelle Jean Paul Dukuzumuremyi. Il s'agit d'un soldat démobilisé qui aurait été arrêté à la frontière avec le Burundi alors qu’il tentait d’acheter des grenades. Tous trois ont été arrêtés ces derniers jours, selon la police. Mais Fred Muvunyi, président de la Commission rwandaise d'autorégulation des médias, a immédiatement réagi à l’annonce de l’arrestation du journaliste Cassien Ntamuhanga. La Commission pense que le journaliste a été arrêté le 7 avril, et non ce lundi 14 avril comme l’affirme la police.

En somme, il dénonce une détention illégale. La Commission demande à pouvoir rendre visite à son confrère dans son lieu de détention, et lance un appel pour un « procès rapide afin de connaître la vérité ». Joint par RFI, Florent Geel, responsable du Bureau Afrique de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), considère que ces arrestations sont inquiétantes. La FIDH y voit une nouvelle preuve de la tournure répressive prise par le régime du président rwandais Paul Kagame.

Partager :