Il y a d'abord le discours prononcé lors d'un petit-déjeuner de prière. La trahison a des conséquences, avait dit Paul Kagame, une dizaine de jours après l'assassinat de son ancien chef des renseignements extérieurs.
« Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment », avait-il ajouté. Washington s'était dit très inquiet de ces déclarations, et troublé par une succession de meurtres d'exilés rwandais qui « semblent avoir une motivation politique ».
En début de semaine, une télévision kenyane avait interrogé Paul Kagamé sur l'implication d'agents rwandais dans l'assassinat de ces exilés. Pas à ma connaissance, avait dit le président rwandais. Mais jeudi, à Davos, selon le Wall Street Journal, Paul Kagame a été catégorique. Il a démenti toute participation du Rwanda dans l'assassinat de Patrick Karegeya. « Mais j'aurais souhaité que le Rwanda l'ait fait », a ajouté le président rwandais.
Le Wall Street Journal précise que Paul Kagame aurait comparé son assassinat à la mort d'Oussama Ben Laden lors d'une opération militaire américaine en 2011. Interrogé par RFI après ce démenti, le département d'Etat américain a déclaré que sa position restait la même.
Pour un observateur des droits de l'homme dans les Grands Lacs, même si le président rwandais dément aujourd'hui, ces propos restent « très choquants », ajoutant que « le plus grave c'était qu'il continuait d'approuver l'acte ».
« Il n'y a pas eu d'évolution dans son discours, on l'avait tout simplement mal compris », assure, quant, à lui, un officiel rwandais.