Blé Goudé devant la CPI: le FPI dénonce «une rupture du dialogue»

Le Front populaire ivoirien (FPI) a dénoncé ce week-end « la rupture du dialogue par le gouvernement d’Alassane Ouattara ». Dans un communiqué envoyé hier, dimanche 23 mars, à la presse, le parti de Laurent Gbagbo a rendu public les conclusions d’une réunion de la direction tenue la veille, le jour du transfèrement de Charles Blé Goudé vers la Cour pénale internationale (CPI).

« Une entrave grave à la réconciliation nationale ». C’est ainsi que le FPI qualifie le transfèrement de l’ex-leader de la galaxie patriotique, Charles Blé Goudé, à la CPI. Mais dans son communiqué, le parti fondé par Laurent Gbagbo énumère une série d’autres arguments qui ont amené sa direction à considérer que le gouvernement rompt le dialogue politique.

Un dialogue bloqué selon le FPI, qui rappelle son constat de « l’échec du processus de réconciliation nationale » et qui s’en prend à « l’immobilisme de la CDVR », la Commission dialogue, vérité et réconciliation.

Réunion extraordinaire

Le parti à la rose dénonce aussi le maintien en détention de Simone Gbagbo et d’environ « 800 prisonniers, civils et militaires » pro-Gbagbo. Le FPI redit son opposition au recensement général de la population - 30 000 agents recenseurs vont sillonner la Côte d’Ivoire à partir de ce lundi pour une durée de trois semaines. Et la direction du FPI réitère au passage son appel au boycott du recensement et des auditions entreprises par la CDVR pour écouter les victimes de la crise postélectorale et des crises antérieures.

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Après avoir fait unilatéralement le constat de « la rupture du dialogue politique par le gouvernement », la direction du FPI renvoie à samedi prochain le moment de déterminer l’attitude que le parti va prendre, en convoquant une réunion extraordinaire de son comité central.

Moralement « très fort »

De son côté, l’avocat international de Charles Blé Goudé a pu rencontrer son client. Ce dernier serait en bonne santé, « un peu fatigué » et « physiquement très faible mais moralement très fort ».

« Charles Blé Goudé m’a dit que vendredi il était devant le juge à Abidjan, témoigne son défenseur au micro de RFI. La juge a demandé s’il voulait être renvoyé à La Haye. Il m’a dit qu’il voulait être jugé par la loi en Côte d’Ivoire mais par le gouvernement. Mais [que] si la loi exige qu’il soit renvoyé à La Haye, alors il acceptera dans un bon esprit.  »

La surprise du gouvernement

La déclaration du FPI surprend le gouvernement. Selon sa porte-parole adjointe Affoussiata Bamba, il n’a jamais été question dans les discussions que Charles Blé Goudé ne soit pas transféré vers la CPI. Elle ajoute que « le gouvernement a fait sa part et continue de le faire pour réconcilier les Ivoiriens, mais qu’il ne faut pas ériger l’impunité en droit au nom de la réconciliation. C’est le FPI qui rompt unilatéralement le dialogue ».

L’autre réaction est celle du parti du porte-parole du Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire (RDR) de Joël N'Guessan. Selon lui, le FPI refuse le dialogue politique sous des « prétextes d’émotion politique du moment ».

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