Ce sont les photographes qui commentent les clichés. Les visiteurs, qui pour la plupart ont vécu de plein fouet cette guerre, sont silencieux, visiblement émus... « Ca donne envie de pleurer. Ce sang, ca nous fait mal au coeur », témoigne cette femme. « Je suis choqué, avoue cet autre. J'invite les Ivoiriens à ne pas oublier ces images. Si nous oublions ce qui s'est passé, nous risquons de retomber dans ces mêmes erreurs. »
Aucune des cinquante photos n'est signée ni légendée : dans cette exposition les victimes n'ont pas de camp politique ni d'appartenance ethnique. Cette neutralité, si rare en Côte d'Ivoire quand on parle de la crise, permet à tous de faire un travail de mémoire.
Un ex-combattant s'est même confié à Bamba Sindou, le médiateur de l'exposition et militant des droits humains. « L'exposition photo, ca permet de prendre conscience pour ne plus reproduire les mêmes actes, surtout que nous sommes à l'orée des élections de 2015, il est important de conscientiser davantage les populations et surtout à se réconcilier », rapporte ce dernier.
Une psychologue offre aussi une oreille attentive à ceux qui sont le plus remués... Ce choc était voulu par les photographes pour lutter contre l'oubli. « Les gens ont l'impression que ce qui s'est passé, c'était de la fiction, explique Barnus Gbekide, commissaire de l'exposition. Mais nous, photojournalistes, nous avons compris que la meilleure façon de dénoncer la guerre, c'était de l'exposer. »
Cette exposition, si salutaire, permise par la coopération américaine, devra s'arrêter au bout de six jours faute de financements.