• Sur la RDC
Human Rights Watch (HRW) et 134 organisations de protection des droits de l’homme basées en RDC ont salué la visite de la procureure Bensouda à Kinshasa, jeudi 13 mars 2014. Ces organisations ont invité la CPI à lancer des enquêtes contre des officiels militaires et politiques en RDC, au Rwanda et en Ouganda, pour avoir ouvertement soutenu des groupes armés responsables de graves violations des droits de l’homme au Congo. Mme Bensouda a promis que La Haye conduirait ses travaux d'enquête jusqu'à leur terme et se réservait le droit de « poursuivre d'autres groupes et d'autres personnes ».
« Bien sûr, il y a toutes ces accusations et ces rumeurs contre les groupes rebelles, explique-t-elle. Il y a beaucoup d'accusations contre eux. Mais moi, en tant que procureure, je ne peux pas dire catégoriquement : "Ils ont fait ci, ils ont fait ça." Je ne peux pas faire ça. Je ne peux le faire qu'après avoir conclu mes enquêtes et mes analyses. Actuellement, nous sommes dans une phase de transition ; nous terminons les dossiers en cours, mais nous disons aussi que nous n'allons pas nous arrêter là. Nous allons poursuivre d'autres groupes et d'autres personnes. D'où l'importance de notre visite au Congo pour que la coopération en ce sens se poursuive et que les autorités sachent que nous poursuivons notre travail. Nous n'allons pas nous arrêter et je veux que ce message soit très clair. »
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• Sur la RCA
La procureure de la CPI s’est par ailleurs dite très inquiète de la situation en République centrafricaine, même si la décision d’ouvrir des poursuites pour crimes de guerre n’a pas encore été prise, fait-elle savoir :
« La RCA est un Etat membre du CPI et nous sommes tous très inquiets des évènements récents qui se sont déroulés là-bas. En tant que procureure de la CPI, il est de ma responsabilité d’enquêter sur les crimes qui ont pu être commis en Centrafrique. Pour l'instant, nous n’avons pas démarré les enquêtes, mais nous avons commencé à collecter des informations pour analyser la situation avec précaution avant de passer à l’étape suivante, à savoir décider si nous ouvrons une procédure ou non. »
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• Sur la Côte d'Ivoire
Enfin, autre dossier évoqué : le sort de Charles Blé Goudé, ex-chef des jeunes patriotes de Côte d'Ivoire. Le 3 mars dernier, la CPI a demandé une nouvelle fois à Abidjan de le transférer à La Haye. Les autorités ivoiriennes avaient demandé un délai de réflexion. Mais ce mardi à Kinshasa, Fatou Bensouda a renouvelé sa demande : livrer Charles Blé Goudé « sans délai » :
« Les juges ont estimé qu’il n’y avait pas de bonnes raisons pour accorder plus de temps aux autorités ivoiriennes, explique la procureure générale. Nous continuons donc de leur parler et de leur demander de transférer Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale sans délai. Actuellement, nos enquêtes sont dans leur première phase, mais elles ne s’arrêteront pas avec l’inculpation de cette personne, nous continuons. Je ne pourrai pas vous dire qui est exactement visé, parce que je ne pense pas que ce soit la bonne chose à faire. Mais nous sommes en train d’enquêter. Je ne peux pas dire non plus que d’autres mandats d’arrêt sont prêts, mais les enquêtes se poursuivent. »
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