Malaise entre Juba et l’ONU

L'affaire du convoi d'armes de la mission des Nations unies qui n'aurait pas dû transiter par route au Soudan du Sud révèle le malaise qui règne depuis le début de la crise entre les autorités soudanaises et les Nations unies. Juba soupçonne l'ONU de partialité et a en ligne de mire la patronne de la Minuss, Hilde Johnson.

Si le gouvernement sud-soudanais n'a pas franchi la ligne rouge consistant à réclamer le départ d'Hilde Johnson, en revanche des parlementaires et des responsables locaux ne s'en privent pas. Ils accusent la chef de la mission onusienne au mieux d'incompétence, au pire de collusion avec les insurgés. Des accusations qui traduisent à quel point la méfiance s'est installée depuis le début de la crise au Soudan du Sud.

Habitués depuis 2011 à une mission onusienne docile, les dirigeants sud-soudanais ont découvert des diplomates extrêmement crispés. La Minuss n'a pas relayé la thèse officielle d'une tentative de coup d'Etat orchestrée par Riek Machar, se contentant d'évoquer une lutte de pouvoir. Pire, lorsque les atrocités commises notamment par les forces loyalistes sont devenues insoutenable, la Minuss a prévenu qu'elle documenterait les violations des droits de l'homme et en désignerait les responsables. Un langage qui n'a pas plu à Salva Kiir. Mais le pire reste à venir.

En juillet le mandat de la Minuss expire. Il est renégocié chaque année, et dès le mois d'avril vont commencer les tractations. On ne pourra continuer avec le mandat actuel, prévient un membre de la mission qui anticipe déjà une crise de grande ampleur. Il voit d'ailleurs dans l'offensive contre Hilde Johnson une manière pour Juba d'affaiblir la Minuss avant les négociations.

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