La Minuss, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud est plus qu'embarrassée par cette affaire qui selon l'un de ses porte-parole est un regrettable malentendu. Tout à commencé à Abidjan, lors de l'étiquetage de la cargaison du contingent de 350 Casques bleus ghanéens qui quittait la Côte d'Ivoire pour se rendre au Soudan du Sud.
Au lieu d'indiquer que les containers transportaient des armes et des munitions, les personnels ont collé des étiquettes précisant qu'il s'agissait de produits non dangereux. Arrivé à Juba les caisses ont été mises sur des camions pour être envoyées à leur destination finale, la ville de Bentiu où doit se déployer le contingent ghanéen.
Or les règles veulent qu'en zone de guerre les armes voyagent par avion pour ne pas risquer de tomber aux mains d'une des factions combattantes. Mais comme personne n'a vérifié les caisses, le convoi est parti par la route. Les soldats sud-soudanais ont vérifié les containers une fois le convoi arrivé à Rumbeck et ont découvert le pot aux roses. Les autorités de Juba qui entretiennent de très mauvaises relations avec la Minuss ont immédiatement bloqué le convoi et demandé des explications.
« Ces armes et ces munitions ne sont pas indiquées dans les récépissés. Ce qui est écrit sur tous les documents, c'est que ces camions transportaient du matériel d'ingénierie. La façon dont les containers sont chargés indique que les choses n'ont pas été faites correctement, explique le porte-parole du gouvernement sud-soudanais Makuei Lueth... Nous n'avons aucun problème avec la Minus en tant qu'institution des Nations unies néanmoins, Il n'y a pas de garanties à partir d'aujourd'hui que nous fassions confiance aux personnels qui travaillent pour la Minuss. Pour nous, la lettre transmise par le représentant spécial dans laquelle il admet une erreur n'est pas suffisante. Dans des situations de sécurité de ce type, il n'est pas possible de dire 'okay c'était une erreur, mais tout est rentré dans l'ordre'. Certaines personnes doivent rendre des comptes.»
→ à (re)lire : Les clés pour comprendre la crise sud-soudanaise
La Minuss a piteusement reconnu son erreur et proposé qu'une commission d'enquête internationale vienne la semaine prochaine de New York pour dissiper le malentendu. « Depuis le début de la crise au Sud-Soudan les Nations unies ont mis en place une politique extrêmement claire quand au convoiement des armes, des munitions et des troupes qui sont déployées à travers le pays. Cette politique consiste à ne faire passer aucune arme par la voie terrestre et de faire parvenir les munitions par la voie aérienne, explique Ariane Quentier, porte-parole de la Minuss à Juba. Dans le cas qui nous intéresse, celui des armes découvertes à Rumbeck, il s’agit du contingent ghanéen qui a malheureusement mal intitulé au départ d’Afrique de l’Ouest, un certain nombre de containers qui contenaient des armes... C’est une erreur logistique fort regrettable, que nous regrettons énormément et nous avons demandé, les Nations unies, à avoir une commission d’enquête qui soit envoyée de New York, afin de pouvoir avoir –en collaboration avec le gouvernement sud-soudanais- quelles sont exactement les circonstances de ce regrettable incident.»
En attendant, à Juba, le gouvernement fait beaucoup de bruit autour de cette affaire et a même envoyé samedi un convoi de journalistes sud-soudanais sur place pour filmer et photographier les armes des Ghanéens. Voilà qui ne devrait pas améliorer les relations entre le président Kirr et l'Onu. En janvier dernier le numéro un sud-soudanais avait accusé Ban Ki-moon d'ingérence dans les affaires intérieures de son pays.