C’est la peine la plus lourde qui a été requise contre l’accusé : la réclusion criminelle à perpétuité. L’accusation a bien conscience de requérir dans un procès historique qui fera date. Car c’est la première fois, en France, qu’une cour d’assises va statuer sur le chef d’accusation de « génocide ». Le ministère public a donc livré un réquisitoire de référence, en demandant la requalification des poursuites afin que Pascal Simbikangwa soit condamné comme auteur, et non comme complice, de crimes de génocide.
« Il encourageait les intentions génocidaires du régime »
« L’attitude de l’accusé s’apparente à l’évidence à celle d’un instigateur. Ses ordres directs de filtrer les Tutsis sur les barrières pour les éliminer, la distribution d’armes à feu, confirment que Pascal Simbikangwa était pleinement conscient des tueries et qu’il encourageait les intentions génocidaires du régime », martèle l’avocat général, Bruno Sturlese.
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« Pascal Simbikangwa, c’est tout sauf un petit », dit l’avocat général. Et, s’adressant à l’accusé, il lance : « Vous avez mis tout votre poids, votre influence, à plein temps au service de la machine génocidaire ». Pour l’avocat général, c’est là « une responsabilité que l’accusé refuse d’assumer. Jamais d’émotion, pas d’empathie. C’est dommage. » Pour l’accusation, « le crime de génocide ébranle les fondements mêmes de notre société et c’est pour cela qu’ils sont punis de la plus haute peine : la réclusion criminelle à perpétuité ».
Le procès se poursuit ce jeudi. Ce sera cette fois au tour de la défense de prendre la parole. La plaidoirie devrait s’appuyer sur une mise en cause de la fiabilité des témoins. Vendredi, les derniers mots seront pour l’accusé, avant les délibérations du jury et le verdict.
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