Du 6 au 9 mars, le Centre international de Conférences Swami Vivekananda de Port-Louis accueille la 2e édition du Salon international du livre de Maurice. Cette manifestation réunit une cinquantaine d’auteurs venus des différentes régions du monde, plus d’une centaine d’exposants, mais aussi le grand public mauricien particulièrement curieux et affamé de lectures et de littératures. Ceux-ci étaient venus très nombreux l’année dernière et les organisateurs espèrent que la barre de 25 000 visiteurs par jour sera dépassée cette année.
« Culture et avenir »
Organisée par la cellule « Culture et avenir » rattachée au bureau du Premier ministre, « cette manifestation s’inscrit, explique sa directrice Géraldine Hennequin-Joulia, dans l’ambition de notre gouvernement de démocratiser l’accès au livre et à la culture en général. C’est pourquoi l’accès au salon est complètement gratuit, tout comme l’est la navette mise à la disposition du public désireux de se rendre du centre-ville au site de la manifestation. Et, last but not least, les stands ont été offerts aux exposants qui sont plus nombreux que l’année dernière. »
Le livre et la littérature sont des enjeux majeurs à l’île Maurice qui est la patrie de quelques-uns des grands noms des lettres francophones, de Malcolm Chazal à Ananda Devi, en passant par Edouard Maunick, Jean-Marie Le Clézio (franco-mauricien), Barlen Pyamootoo, pour ne citer que ceux-là. Aussi, ni les exposants, ni le public n’a été surpris de voir le Premier ministre, le Docteur Navinchandra Ramgoolam, venir en personne inaugurer la manifestation.
Maurice, terre de confluences
Le secret de la réussite du Salon du livre de Maurice, qui est un événement unique dans la sous-région de l’Océan indien, réside essentiellement dans la qualité des auteurs qui y participent. Lancée en 2013, à l’occasion du quarante-cinquième anniversaire de l’indépendance de l’île, cette manifestation est fondée sur l’idée originale de réunir chaque année à Maurice, terre de métissage des cultures et des hommes, des écrivains issus des trois continents de peuplement de ce pays insulaire : soit l’Europe d’où sont venus les premiers colons, l’Afrique et l’Asie qui ont fourni la main-d’œuvre dont le travail et la sueur ont fécondé l’île et l’ont transformée en cet îlot de créativité dont témoigne sa littérature. Maurice est surtout une terre de diversité, diversité reçue en héritage par ses habitants.
L’édition 2014 qui s’ouvre ce 6 mars ne déroge guère à cet idéal fondateur d'interculturalité, avec des invités venus de la France, de l’Angleterre, de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique voisine (Afrique du Sud, Togo, Burundi, Côte d’Ivoire). Ces auteurs qui sont pour la plupart des stars dans leur pays d’origine comme Kunal Basu (Inde), Mongane Wally Serote (Afrique du Sud) ou Edwy Plenel (France), vont partager la tribune à Port-Louis avec la quinzaine d’auteurs mauriciens invités au Salon pour réfléchir ensemble sur des thèmes qui font débat à Maurice comme ailleurs : l’activisme des écrivains, l’autofiction, la fictionnalisation de l’Histoire, la liberté de la presse et l’évolution de la littérature pour la jeunesse.
Nouvelles tendances
Confluences 2014 se caractérise aussi par l’accent mis par ses organisateurs sur les nouveaux genres, tels que la bande dessinée, le manga, les contes pour la jeunesse, le slam. Le roman policier sera aussi à l’honneur cette année avec le lancement programmé du Neuvième passage d’Ashvin Krishna Dwarka, qualifié par son éditeur (Les Editions de la Maison noire) de « thriller philosophique ». Son auteur est considéré comme Umberto Eco de Maurice et son roman comparé au Nom de la Rose.
Enfin, comme le rappelle la directrice de Confluences, « cette manifestation a pour ambition de s’imposer à terme comme le rendez-vous incontournable des auteurs et des maisons d’édition de la région océan Indien ». La présence cette année à Maurice des grandes plumes de la Réunion, de Madagascar et des Rodrigues dessine peut-être la tendance à l’œuvre vers une plus grande mutualisation des ressources littéraires et imaginatives des nations insulaires de cette partie du monde.