Depuis leur grande île sur le fleuve Oubangui, les 1 500 habitants de Bangossoa ont une vue imprenable sur la ville de Bangui, la plupart d’entre eux en viennent d’ailleurs, et se sont réfugiés ici, ces derniers mois, pour fuir les violences. A Bangossoa, il y a surtout des femmes, des enfants et des vieillards. Ils subsistent en cultivant l’arachide ou le manioc, ou en tentant de prendre quelques poissons dans les filets jetés depuis la rive. Les naufragés de Bangossoa ne reçoivent aucune aide de l’extérieur.
« Il n’y a pas de quoi donner à manger aux réfugiés ici, la pêche ne fonctionne pas, il n’y a pas de poisson, déplore Jonathan Koualet, le chef de l’île. Nous souffrons, il nous manque des médicaments, il y a beaucoup de malades atteints de diarrhée, de la grippe, du paludisme. »
Pour protéger cette population, un groupe anti-balaka a déployé deux escouades de chaque côté de l’île et cette semaine, ce sont des jeunes filles. Elles ont entre 15 et 20 ans, le crâne rasé et la machette toujours à portée de main. « J’ai fait cinq mois dans les anti-balaka », témoigne ainsi Josiane, 18 ans.
Ne pas « les abandonner »
Toutes ont un parcours similaire, la mort d’un proche tué par les Seleka les a jetées dans les bras du mouvement anti-balaka. Leur chef, Eric Golf, est policier, il attend des mesures concrètes de cantonnement pour ses « amazones » : « Si on les abandonne comme ça, ça sera trop grave et le taux de criminalité va augmenter. Il faut qu’on soit à côté d’elles. Une fois cantonnées, on regagnera nos corps respectifs. »
En attendant la relève, entraînement, garde-à-vous et chants guerriers restent de rigueur.