Avec notre correspondante à Antananarivo, Marie Audran
Le taux d’abstention n’a jamais été aussi élevé pour une élection présidentielle. De 39% au premier tour, il est passé à presque 50% le 20 décembre selon les chiffres provisoires de la commission électorale indépendante.
Pour Ketakandriana Rafitoson, politologue et membre de la société civile, plusieurs explications sont possibles : il y a la déception pour une partie de l’électorat de voir un nouveau duel entre Rajoelina et Ravalomanana, par candidats interposés ; la confusion aussi, des électeurs face au grand nombre de candidats aux législatives qui peut avoir découragé certains. Et une chose est sûre : le calendrier n’était pas favorable. Pour Ketakandriana Rafitoson, « tout ce qui était prévisible, c’était que, à l’approche des fêtes, le désintérêt serait un peu plus élevé envers la politique ».
« Légitimité populaire »
Avec un faible taux de participation, le gagnant de l’élection présidentielle quel qu’il soit, risque de voir sa légitimité contestée. C’est ce que craint la politologue Ketakandriana Rafitoson : « Il sera légitime légalement, mais il y a la légitimité populaire. (...) Si le citoyen ne s’identifie pas à son leader, il va automatiquement le rejeter. Et c’est pour cela que je dis qu’il sera perméable aux manipulations politiques qui peuvent venir des camps extérieurs ».
La tâche sera d’autant plus difficile pour les futurs élus que les accusations de fraudes électorales se multiplient pour les législatives comme pour la présidentielle.