Trois jours après son arrivée sur le sol américain, le juge Houssou, - le magistrat qui avait prononcé un non-lieu dans l'affaire Talon -, est toujours dans un centre de rétention, près de New York. Mais son sort semble toutefois s'améliorer. Selon nos informations, sa demande d'asile aux Etats Unis a été jugée recevable. Cela ne signifie pas que l'asile lui est accordé, mais que sa requête va être examinée.
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En attendant l'aboutissement de cette longue procédure, le magistrat ne sera pas renvoyé au Bénin, ni expulsé vers Accra d'où il est arrivé. Les autorités américaines doivent maintenant se pencher sur les conditions de sa liberté aux Etats Unis. Peut-il être hébergé par des parents ou des amis qui peuvent se porter garants pour lui ? Devra-t-il porter un bracelet électronique ?
Conséquences politiques et diplomatiques
Toujours est-il que cette mauvaise nouvelle pour Cotonou intervient quelques heures avant une décision très attendue au Bénin. La justice française se prononce cet après-midi sur l'extradition de Patrice Talon et de son bras droit, Olivier Boko.
La Cour d'appel de Paris va-t-elle suivre le parquet qui a déjà argumenté contre l'extradition ? Si tel était le cas, la présidence béninoise subirait coup sur coup deux revers de taille qui pourraient ne pas être sans conséquences politiques et diplomatiques. C'est dans ce contexte que Boni Yayi est attendu au sommet de l'Elysée en fin de semaine. Mais de bonne source, on indique que le président pourrait bien rester à Cotonou.
Le parquet hostile à l'extradition
Patrice Talon et son bras droit Olivier Boko ne doivent certainement pas attendre la décision de la justice française avec beaucoup d'inquiétude, au contraire. Le parquet, clairement hostile à cette extradition, a déjà sérieusement déminé le terrain avec un argumentaire en trois points : le dossier est incomplet, il n'y a aucune information sérieuse sur les faits et enfin les garanties d'une justice impartiale au Bénin sont incertaines.
Du velours, pour la défense des deux hommes qui avait ainsi martelé sa thèse à l'audience : celle d'un coup monté judiciaire. Et leur avocat William Bourdon de rappeler que toutes les personnes impliquées dans cette supposée tentative d'empoisonnement avaient bénéficié d'un non-lieu à Cotonou, mais que le pouvoir s'acharnait sur Patrice Talon car il s'opposait à la dérive autocratique du président Boni Yayi.
Une extradition peu probable
Et comme pour donner plus de force encore à ces propos, le juge béninois, qui avait blanchi les prétendus empoisonneurs, vient de quitter en catimini le pays où il était assigné à résidence. Il a demandé l'asile politique aux Etats Unis.
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Non vraiment, Patrice Talon n'a, ce matin, aucune raison d'être inquiet. En l'état du dossier, une extradition vers Cotonou relève de l'improbable, mieux de l'impossible.