Dans le camp Talon, on se doutait bien que cette demande d’extradition ne serait pas validée par la justice française. Du côté du Bénin, on imaginait aussi que ce serait un coup d’épée dans l’eau. D’ailleurs, l'avocat Christian Charrière-Bournazel ne s’est même pas déplacé pour entendre le délibéré.
Le parquet général de Paris était hostile à cette extradition, pointant un dossier incomplet, un sérieux manque d’informations sur les faits et le risque d’une justice partiale. Une position validée par la cour d’appel.
Dans leurs motivations, les magistrats indiquent qu’il y a une incompatibilité, une anomalie juridique absolue entre cette demande d’extradition et le non-lieu en faveur de Patrice Talon, prononcé par un juge d’instruction béninois aujourd’hui en fuite.
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Il est vrai que depuis le départ, la demande faite par l’Etat du Bénin a été émaillée de contradictions, d’approximations, de documents parcellaires… bref, elle portait la signature du caractère politique de cette demande d’extradition, souligne la défense.
Entre l’homme d’affaires Patrice Talon et le président Boni Yayi – tous deux autrefois proches –, le torchon désormais brûle.
■ RÉACTIONS
Ce mercredi, RFI a recueilli la réaction de Patrice Talon, au palais de justice de Paris. L'homme d'affaires a eu une pensée pour le juge d’instruction béninois Angelo Houssou, qui avait initialement blanchi les commanditaires de cette prétendue tentative d’empoisonnement et qui a fui précipitamment aux Etats-Unis.
Pour Maître Bourdon, l’avocat de Patrice Talon, cette demande d’extradition « n’est que le masque d’une persécution politique ».
Quant à Maître Philippe Feitussi, l'un des avocats de l'Etat béninois dans ce dossier, il estime que cette décision de la justice française ne remet pas en cause les charges qui pèsent sur Patrice Talon et son collaborateur Olivier Boko.
« Cet avis défavorable n’est absolument pas fondé sur les charges qui pèsent contre eux et qui justifient leur inculpation, à Cotonou, mais sur des positions purement techniques », a déclaré à RFI, Maître Philippe Feitussi.
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