Bouaké est une ville encore très marquée par les affrontements de 2002. A l’époque, elle était la capitale des Forces nouvelles, qui occupaient tout le nord du pays.
Le président a prononcé son discours dans le stade de la Paix, à Bouaké, concluant cinq jours de visite dans la région du Gbéké. Le meeting s'est longtemps tenu sous un ciel couvert, même si quelques rayons de soleil sont apparus au fur et à mesure. Des dizaines de milliers de personnes étaient massées à l’intérieur du stade de la Paix de Bouaké, alors que des dizaines d’autres étaient massées hors du stade.
Le martyre de Bouaké
Alassane Ouattara a rappelé au début de son discours le martyre de Bouaké, la ville où l’ex-rébellion avait établi sa capitale en 2002, rappelant que beaucoup de personnes avaient fui la ville et que certaines d’entre elles ont même tout perdu. Alassane Ouattara a exprimé sa compassion et a appelé à la réconciliation.
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Dans son mot de bienvenue, le maire de Bouaké a souligné que la visite du président ivoirien a redonné vie à la ville, mais que beaucoup restait à faire. Nicolas Djibo a particulièrement pointé du doigt le problème du chômage qui a pour conséquence l’insécurité endémique et la dépravation des mœurs.
Selon le député de la région, Jean-Louis Kouakou Abonouan, la population souhaite que Bouaké redevienne la deuxième ville du pays, pour notamment absorber les milliers de jeunes qui sont au chômage ainsi que les ex-combattants, en créant beaucoup d’industries.
■ ZOOM : les propriétaires de Bouaké retrouvent leurs biens
Pendant les huit ans de domination des Forces nouvelles, ces rebelles se sont installés où ils voulaient, quand ils voulaient. Depuis quelques temps, ils sont en train de restituer les locaux ou les maisons occupées illégalement à leurs propriétaires. Notre correspondant a rencontré une ONG qui vient de récupérer son bâtiment.
C’est un petit immeuble d’un étage situé avenue Jakaka, dans le centre de Bouaké. Dans la plus grande pièce au rez-de-chaussée, une peinture d’un grand serpent sur le mur du fond. C’est la signature des hommes qui constituaient l’unité « Anaconda ». Le directeur exécutif de l’ONG Bouaké Eveil, Sidibé Brahima, a récupéré son local il y a seulement deux semaines : « En 2004, c’était une force venue récupérer pour faire un maquis. Ils nous ont empêchés de continuer notre activité, et on a été obligés de céder pour aller à côté et continuer. »
L’ONG Bouaké Eveil avait d’abord commencé par subir l’insécurité dès le début de la rébellion en septembre 2002 : « En 2002, nous avons eu beaucoup de vols et de braquages. Les kits alimentaires ont aussi disparu. En 2003, nous avons été attaqués. Les kits alimentaires ont été pris avec de l’argent. »
L’année suivante, cinq éléments de l’ex-rébellion ont occupé de force une partie du bâtiment pour en faire un bar et une boîte de nuit. Et comme les autres propriétaires chassés par l’ex-rébellion, Sidibé Brahima et son ONG n’ont songé à revendiquer leur droit que très récemment : « Depuis 2012, on a fait la demande. Dieu merci, ça a abouti en 2013. »
Un bâtiment qu’il faut rafraîchir et transformer, pour en refaire le lieu d’accueil des porteurs du VIH sida. L’ONG Bouaké Eveil affirme prodiguer des conseils à 1 700 personnes qui sont reçoivent des traitements anti-rétroviraux et assurer le suivi de plus de 1 500 orphelins et enfants vulnérables.