Les tortues à soc vivent uniquement dans les forêts de la baie de Baly dans le nord-ouest de Madagascar, un écosystème unique et isolé. Mais l’isolement ne les épargne pas du braconnage. De plus en plus souvent, des tortues à soc sont saisies aux frontières, elles sont ensuite confiées à l’ONG Durrell qui travaille sur la protection de cette espèce en voie d’extinction.
« Depuis 2012, nous avons eu 80 tortues qui ont été confisquées et envoyées dans notre site d’élevage, explique Robert Bourou, le responsable du projet. Vu le nombre très restreint à l’état sauvage, 80 tortues c’est un chiffre exorbitant ».
L’espèce compte au total 400 individus dans la nature. Le vol est aujourd’hui la principale menace pour ces tortues et la situation s’est aggravée ces dernières années. La corruption et l’impunité permettent aux braconniers de faire sortir leurs marchandises vers l’Asie.
Le réseau national et international est bien organisé, selon Richard Lewis, directeur de Durrell à Madagascar : « C’est organisé comme le trafic de drogue, c’est-à-dire que les trafiquants eux-mêmes ne transportent pas directement les animaux, ils emploient des mules, ce sont toujours des intermédiaires, et c’est ceux qui sont mis en prison. Les trafiquants ne sont jamais amenés devant la justice ».
Récemment, une équipe de journalistes de la télévision al-Jazira a tenté de remonter la filière. Le reportage montre notamment le fils d’un politicien malgache qui aurait collaboré avec le baron malaisien du trafic international d’animaux.