Depuis que le cycle d'attaques et de représailles s'est emballé fin août, c'est surtout dans le nord du pays que se sont concentrées les violences. En particulier dans les préfectures de l'Ouham et de l'Ouham-Pendé. Une zone située le long de la frontière tchadienne, où musulmans et chrétiens vivaient jusqu'alors en bonne intelligence.
Le drame de Bossangoa
C'est Bossangoa qui a d'abord fait tristement parler d'elle début septembre, quand les exactions des Seleka et les représailles sanglantes des milices anti-Balaka contre les musulmans, qu'elles jugent complices, ont fait des dizaines de morts. Si les affrontements ont cessé, la peur et l'insécurité sont toujours là. La défiance entre communauté ne retombe pas non plus malgré le travail de médiation opéré par les dignitaires religieux qui font le déplacement très régulièrement. Dignitaires catholiques, protestants et musulmans étaient sur place il y a huit jours.
Trois ministres en visite
Ils accompagnent encore ces jours ci, les trois ministres de l'Administration du territoire, du Logement et des Droits de l'homme. Une mission destinée cette fois à tenter de restaurer un semblant de sécurité et de rassurer les populations. Les ministres amènent avec eux 20 gendarmes et 10 policiers. Ils sont aussi accompagnés d'une centaine de militaires de la FOMAC qui, une fois leur mission à Bouca terminée, viendront en renfort des 150 déjà présents à Bossangoa. Des magistrats et fonctionnaires devraient suivre.
La difficulté sur laquelle butent les autorités: ce sont encore et toujours les ex-Seleka qui refusent de se laisser cantonner dans les deux camps prévus à cet effet et situés à une quinzaine de km au sud et au nord de la ville. Un problème rencontré dans de très nombreuses localités du pays, mais «Bossangoa focalise vraiment l'attention» explique Aristide Sokambi, ministre de l’Administration territoriale qui participe à la quatrième mission gouvernementale à Bossangoa depuis le début de la crise il y a 3 mois.
Violence et insécurité ailleurs dans le pays
Le même mécanisme de haine a été observé dans de nombreuses villes du Nord.
La semaine dernière encore, c'est Bouca, à l'est de Bossangoa, qui s'est embrasée. En septembre déjà, Bouca avait été le lieu d'un carnage. Une centaine de morts selon MSF, plus de 700 maisons détruites en quelques heures.
En octobre , les violences ont fait une vingtaine de tués dans la localité de Bouar, à l'ouest de Bossangoa. À Gaga également.
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Mais il n'y a pas que le Nord. « L'insécurité est partout dans le pays », explique un membre éminent de la société civile.
Enfin, il y a Bangui. Assassinats, enlèvements, ou pillages y sont quasiment quotidiens, depuis la chute du régime Bozizé. Bangui, dont la sécurisation semble être le premier objectif de l'intervention française programmée.
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