Libération de Collomp: la police nigériane à la recherche des ravisseurs

Au Nigeria, la police de l'Etat de Kaduna est à pied d'oeuvre pour remonter la piste des geôliers qui ont détenu durant des mois l'otage français Francis Collomp. D'après le récit qu'il a livré à ses proches, Francis Collomp avait minutieusement préparé son évasion. Il avait notamment affaibli le fil de fer de sa cellule. On a par ailleurs appris qu'il avait enfermé ses geôliers après être sorti de la pièce où il était détenu, dans cette ville paisible de Zaria, où les terroristes d'Ansaru ont déjà sévi.

Après avoir faussé compagnie à ses geôliers, Francis Collomp a parcouru quatre kilomètres à pied avant de héler une moto taxi qui l'a conduit au poste de police le plus proche, a indiqué à RFI Oulefemi Adenaike, le commissaire de police de l'Etat de Kaduna.

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Ses hommes sont à pied d'oeuvre pour remonter la piste des ravisseurs. Les habitants de Zaria, une ville universitaire paisible, ont été surpris d'apprendre qu'un Français y avait été détenu durant deux mois, mais ils savaient que des membres d'Ansaru fréquentaient la zone.

Des opérations de polices menées dans la région

En mars 2012, la police nigériane avait mené un raid visant un groupe soupçonné d'avoir organisé le rapt de travailleurs étrangers, dont un ressortissant britannique et un Italien. Deux jours plus tard, les otages étaient exécutés à Sokoto, à quatre cents kilomètres au nord-ouest de Zaria.

L'un des chefs d'Ansaru, Abou Mohamed, avait été fait prisonnier, mais il avait succombé aux blessures subies lors du raid, dans un quartier huppé à l'extérieur de la ville. «Il ne faisait rien pour se cacher, c'est seulement après le raid que nous compris le rôle qu'il occupait» a dit un responsable du clergé dans cette ville.

Francis Collomb aurait lui été détenu dans le secteur de Dan Magagi, proche de la vieille ville, qui accueille l'une des plus anciennes mosquées du pays et plusieurs écoles coraniques.

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Ansaru, un groupe islamiste dissident du Nigéria

C’est en janvier 2012, au moment des attaques coordonnées de Kano qu’Ansaru a fait son apparition. Le groupe est sorti du giron de Boko Haram à qui il reprochait de mener des opérations trop violentes et souvent au détriment de la communauté musulmane.

Dirigés par Abu Usama al Ansari, ces dissidents qui se réclament du califat de Sokotto se sont alors tournés vers une forme de jihad international.

Ils se sont surtout fait connaître par le biais d’enlèvements d’Occidentaux dans le nord du Nigeria. Sur les onze étrangers retenus captifs, ces deux dernières années, dix ont été tués, notamment au cours d’opérations de libérations manquées.

La fuite de l’ingénieur français Francis Collomp est exceptionnelle

Alors, certes, ses conditions d’évasions comportent encore quelques zones d’ombres, mais cela porte un coup au groupe. Les propos d’un présumé membre de Boko Haram indiquant qu’Ansaru a participé a l’enlèvement du père Georges Vandenbeusch au Cameroun voisin jeudi dernier, pose aussi des questions sur leurs intentions.

Y’a-t-il eu un rapprochement des deux groupes ces derniers temps ou s’agit-il d’une simple opération de séduction de la part de la secte ? Aucun scénario n’est à exclure. Le 13 novembre, les Etats-Unis ont en tout cas placé les deux groupes sur leur liste des organisations terroristes étrangères.

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