Abyei est un peu aux deux Soudan ce que la péninsule de Bakassi fut aux Nigéria et au Cameroun : un enjeu politique et affectif. Avant l'indépendance du Soudan du Sud, lors des accords de paix de 2005, le Nord et le Sud n'avaient pas pu s'entendre sur l'avenir d'Abyei. Il avait alors été décidé de proposer aux populations d'Abyei un referendum d'autodétermination. Mais depuis Khartoum et Juba tentent d'influencer le résultat de ce referendum.
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Juba soutien les Ngok-Dinkas, une tribu sédentaire qui estime que les nomades arabes misseryas qui ne sont présent à Abyei que le temps de la saison humide, n'ont pas à prendre part au vote. Appuyés par Khartoum les Misseryas revendiquent un rôle dans l'avenir du territoire.
Faibles réserves pétrolières
En soit, Abyei région de 10 000 kilomètres carrés ne représente qu'un enjeu minime. Et même si la région recèle des réserves pétrolières, elles sont faibles comparées aux stocks détenus par le Soudan du Sud. Mais pour Juba l'enjeu est affectif. Plusieurs des dirigeants du Soudan du Sud sont issus de cette région ou de la tribu Dinka et ne peuvent concevoir qu'Abyei rejoigne le Nord.
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Quant aux dirigeants nordistes, après avoir accepté de laisser le Soudan du Sud devenir indépendant, ils vivraient comme un aveu de faiblesse un rattachement d'Abyei au Sud. Autant d'enjeux politiques qui pour l'heure empêchent toute solution.