Le chef de la police est, semble-t-il, allé trop loin. « Il y a des limites à la liberté d'expression », avait asséné David Kimayio. Les accusations de pillages portées contre ses hommes étaient « inacceptables », selon lui. Des journalistes « seraient prochainement entendus », avait-il prévenu. Il vient d'être désavoué.
La police avait remis une convocation à deux journalistes de la télévision kényane KTN, Mohammed Ali et Allan Namu, et à Sam Shollei, PDG du groupe Standard, propriétaire de la chaîne, pour qu'ils se présentent lundi prochain pour une déposition. Mais les autorités kényanes sont finalement revenues sur leur décision et un responsable du ministère de l'Intérieur kényan a affirmé ce jeudi 24 octobre au soir que la convocation avait été « annulée ». Car ces mots avaient profondément inquiété plusieurs organisations de défense des médias et des droits de l'homme dans le pays. Celles-ci dénonçaient une grave menace contre la liberté de la presse.
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Au cœur de l'affaire, les multiples soupçons de pillages de magasins du Westgate par les forces de l'ordre. Les accusations de commerçants s'estimant volés ont été relayées par certains médias. Une vidéo a été diffusée à la télévision. En plein siège du centre commercial, on y voit des soldats sortir d'un supermarché les bras chargés de sacs. L'armée kényane avait réagi en affirmant qu'il ne s'agissait pas de pillages, mais que les militaires avaient récupéré des bouteilles d'eau pour étancher leur soif.