Incursion angolaise au Congo-Brazzaville: l'heure est à la diplomatie

Après l’incursion de militaires angolais dans le sud-ouest du Congo il y a cinq jours, et l’enlèvement d’une quarantaine de soldats congolais, la situation reste tendue entre Luanda et Brazzaville. Les autorités congolaises s'activent pourtant en coulisses, mais les tractations diplomatiques entre les deux pays n'ont pas encore permis la libération des militaires.

Selon les informations recueillies par RFI, le chef de la diplomatie congolaise Basile Ikouébé a reçu à trois reprises - deux fois dans la seule journée d'hier - l'ambassadeur de l'Angola à Brazzaville, Manuel Pedro Fernando Mavouza. Et selon la formule diplomatique consacrée, « il lui a exprimé ses vives préoccupations ». La réaction de ce dernier est tout aussi diplomatique : il assure attendre des instructions de son gouvernement.

« L’Angola étant un pays frère, on ne voit pas pourquoi il peut avoir ce genre d’hostilités, s’étonne Adam Dibouilou, le maire de Dolisie, la sous-préfecture du département de Niari. Ici, le préfet a dû interpeller le consul d’Angola pour essayer de s’enquérir de la situation, et demander à ce qu’elle soit résolue. De même qu’à Brazzaville, le ministère des Affaires étrangères a dû interpeller l’ambassadeur. […] Nous étions sur notre territoire ! »

Quoi qu'il en soit, la situation reste inédite : un détachement de militaires congolais enlevés sur leur sol, gardés en otage sur un autre territoire, et une démonstration des forces angolaises, appuyées par des blindés légers dans cinq localités du Congo.

 → A (RE)LIRE : Congo-Brazzaville : incursion de militaires angolais en territoire congolais

Il est vrai que ces localités se trouvent à la frontière avec le Cabinda, où sont présents les rebelles du Front pour la libération de l'enclave du Cabinda (Flec). Une frontière particulièrement poreuse, soupçonnée par Luanda d’être une véritable passoire côté congolais. Pourtant cela n'a jamais fait l'objet d'un quelconque litige entre Brazzaville et Luanda.

Rapports confidentiels

Mais selon des sources consultées par RFI, Luanda aurait adressé à Brazzaville plusieurs rapports confidentiels concernant les activités de ces rebelles, des rapports restés sans suite.

Le message adressé à Brazzaville est donc clair : si vous ne mettez pas d'ordre chez vous, nous n'hésiterons pas à venir le faire à votre place, comme nous l'avons déjà fait en RDC, notamment au Bas-Congo et dans le Katanga.


 ■ ANALYSE : Que venaient faire les soldats angolais en territoire congolais ?

Pour l'heure, aucun élément ne permet de déterminer ce qui a motivé l'armée angolaise à mener cette incursion sur le territoire de son voisin. Les deux capitales, Brazzaville et Luanda, restent d'ailleurs muettes sur les événements qui se sont produits dans la région du Niari. La motivation des Angolais est-elle territoriale ? Localement, plusieurs sources congolaises affirment que les militaires qui occuperaient encore les hauteurs de plusieurs localités près de Kimongo auraient affirmé aux populations que ce territoire leur appartenait.

Il y a quelques années, l'armée angolaise avait procédé de la même façon en République démocratique du Congo (RDC) en s'attribuant des localités frontalières de la province du Bandundu. Autre motivation possible, celle de la sécurité. Cette zone frontalière est particulièrement sensible à cause du Cabinda agitée depuis des décennies par des revendications indépendantistes incarnées par le mouvement rebelle du Flec. Les Angolais estiment-ils ainsi que les services de sécurité congolais ne contrôlent pas suffisamment les mouvements de populations ainsi que ce Flec, qui bénéficie là d'une base arrière en territoire congolais.

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