Afrique du Sud: le lancement du parti de Julius Malema doit-il inquiéter l'ANC?

Jusque-là, ce n'était qu'un mouvement politique. Désormais, Economic Freedom Fighters devient officiellement un parti d'opposition. L’enregistrement du parti de Julius Malema, ancien chef de la Ligue de la jeunesse de l’ANC devenu opposant au président Zuma, a été validé lundi dernier par la Commission électorale du pays. Une fête s'est tenu à Marikana ce dimanche 13 octobre. On craignait les conditions d’organisation de ce rassemblement. Finalement, tout s’est passé dans le calme, et Julius Malema a envoyé un signal de sa force au gouvernement.

Le rendez-vous promis a bien eu lieu. Le jeune leader Julius Malema, qui se présente comme le champion des pauvres et des jeunes sans emploi, a souhaité prouver qu'il pouvait menacer l’African National Congress (ANC) lors des prochaines élections.

Ses partisans sont venus de tout le pays, coiffés du béret rouge du parti, montrer leur espoir d’un changement politique. Certains vont voter pour la première fois. Tous, rejettent l’ANC.

Julius Malema avait promis de galvaniser ses supporters, de prouver qu’un géant est né. Il a demandé à ce que les terres volées soient redistribuées au peuple, un des piliers de son programme. Dans le cas contraire, il n’y aura pas de réconciliation possible en Afrique du Sud, a-t-il assuré.

Un avenir politique qui reste incertain

Le lancement du parti a été rendu possible par sa validation via la Commission électorale, qui a remis à Julius Malema son certificat d’enregistrement.

Citant Nelson Mandela, il a appelé à continuer la lutte, mais de nombreuses questions restent en suspens. Julius Malema a prouvé aujourd’hui qu’il pouvait réunir de nombreux Sud-africains, mais le leader populiste est accusé de blanchiment d’argent et de malversations. Son procès qui s’ouvrira fin novembre pour mettre un frein à ses projets politiques.

D'où le choix de Marikana, lieu hautement symbolique, pour cette grande cérémonie d’inauguration du week-end. C'est l’endroit où la police avait ouvert le feu sur des mineurs en grève, faisant 34 morts et 78 blessés en août 2012.

Inquétiude à l'ANC?

Y a-t-il là de quoi inquiéter l’ANC, au pouvoir dans le pays depuis la fin de l'apartheid ? Le parti du président Zuma n’a jamais admis publiquement que Julius Malema pouvait constituer une menace. Mais en son sein, on remarque certains signes de nervosité. Ces derniers temps par exemple, Jacob Zuma a multiplié les visites dans la province de Limpopo, un des bastions d'Economic Freedom Fighter (EFF).

Par ailleurs, l'ANC a choisi de nommer un ancien président de sa Ligue de la jeunesse à la tête de son comité électoral. Une preuve que le parti tente de gagner le vote des jeunes, dont bon nombre sont séduits par Julius Malema. Mais rien ne semble pouvoir gâcher la fête du jeune leader populiste, qui a promis que la « position radicale » de son parti était « non négociable ».

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