RFI : Les élections ont lieu dans un mois. Quelle est votre position vis-à-vis des 33 candidats ? On dit que vous soutenez votre ancien ministre des Finances.
Andry Rajoelina : Premièrement, je soutiens le peuple malgache. C’est toujours le peuple malgache qui a guidé mes actions, ainsi que mes décisions. Il y a plusieurs candidats qui sont dans notre mouvance effectivement : le ministre des Finances, qui a pu rassembler une grande partie des ministres et ceux qui étaient avec moi tout au long de la transition ; mais le Président de la délégation spéciale (PDS) de la ville d'Antananarive, Edgard Razafindravahy, a également rassemblé des partisans de notre parti politique. Donc aujourd’hui, pour ne pas diviser notre parti, nous avons laissé le choix à nos partisans et à tous ceux qui étaient dans notre mouvance, de choisir entre ces deux candidats. Il est sûr - parce qu’on voit déjà la tendance actuellement - que celui qui sera au deuxième tour viendra de notre mouvance.
Un projet de décret sera dans les tiroirs en ce moment, qui prévoit la vente du stock saisi de bois de rose. Ce projet de décret émanerait de la présidence, de votre cabinet. Est-ce que vous confirmez ?
Effectivement, il y a plusieurs stocks de bois qui ont été saisis, et leur état aujourd’hui se détériore sur place. Ce stock diminue aussi sur place, car comme vous le savez, beaucoup de gens essaient d’exporter illicitement les bois de rose à Madagascar. L’objectif c’est de stopper justement ce genre de trafic, afin qu’on ait une transparence totale sur la vente. Et les recettes qui vont ressortir de la vente devraient être allouées pour équiper les forces de l’ordre pour combattre l’insécurité à Madagascar.
Mais est-ce qu’il faut vendre ces stocks avant les élections ?
La question est : est-ce qu’il faut laisser pourrir ces stocks sur place ? Est-ce qu’il faut voir ces stocks diminuer actuellement ?
Vous n’êtes pas candidat à la présidentielle. Quels sont vos projets pour l’après-élection ?
J’ai pas mal de projets. Je vais travailler de concert avec plusieurs experts internationaux, pour mettre en place un programme, un engagement aussi, pour le développement de Madagascar. Donc c’est ce que je vais faire dans les mois et dans les années à venir.
Pourquoi ne pas avoir construit ce programme avant d’accéder au pouvoir ou durant ces quatre années ?
Nous avons déjà pu prouver pendant la transition qu’il est possible de développer le pays avec nos propres ressources. Nous avons pu construire plusieurs infrastructures dans les hôpitaux, dans toutes les grandes villes à Madagascar. Donc le programme était déjà là. Mais cette fois-ci, ce que nous voulons faire, c’est vraiment une projection pour quinze ans, peut-être même vingt ans. Mais ce n’est pas une projection pour cinq ans ou quatre ans simplement.
Vous considérez que votre bilan, que le bilan de la transition, est positif ?
Je suppose. Ce que nous avons tiré de très positif dans la transition, à part ce que nous avons pu construire et bâtir, c’est que Madagascar n’est pas rentré dans le piège d’une guerre civile ou de l’affrontement.
Plus de 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté, est-ce que ce n’est pas aussi le bilan de la transition ?
Madagascar a toujours été un pays pauvre. Plusieurs Malgaches ont été chômeurs de grand-père en père et de père en fils. Moi, je ne pense pas que c’est à cause de la transition. C’est à cause du non-partage équitable des richesses. Et surtout, il faut être au chevet de la population, et non plus avoir des débats politiques stériles qui ne servent pas à développer notre pays.
Après les élections législatives au mois de décembre, il se pourrait qu’on vous propose le poste de Premier ministre. Est-ce que c’est quelque chose que vous envisagez ?
Ce n’est pas encore à l’ordre du jour actuellement. Nous allons essayer de voir le résultat des élections, l’évolution de la situation.
Mais vous ne l’excluez pas ?
Je ne l’exclus pas non plus, mais j’observe.