Le Kenya en deuil s’interroge sur l’identité des assaillants

Le président kényan, Uhuru Kenyatta a décrété trois jours de deuil national après l’attaque du centre commercial Westgate revendiquée par les shebabs somaliens, qui a duré presque 80 heures. Le dernier bilan, qui fait état de 61 morts parmi les civils, six membres des forces de sécurité et cinq assaillants, devrait s'alourdir. La Croix-Rouge évoque de « 60 à 70 personnes disparues ». Le ministère de la Santé parle de 240 blessés. Tandis que les enquêteurs fouillent les décombres, l’identité précise des assaillants reste encore inconnue.

A Nairobi, l’opération militaire est terminée et ce sont désormais les enquêteurs qui sont à pied d’œuvre dans les décombres du centre commercial Westgate, qui a été la cible d’une attaque lancée samedi 21 septembre, revendiquée par les shebabs somaliens.

Le porte-parole du président Uhuru Kenyatta, qui a tenu un point presse à proximité du centre commercial, ce mercredi 25 septembre en fin de matinée, a confirmé que les recherches étaient terminées et que l’opération de déblayage avait commencé, rappporte notre envoyée spéciale Alexandra Brangeon.

Une partie du toit du bâtiment s’est en effet effondrée, mardi, après un incendie dans le complexe commercial. Il a également confirmé que des corps sont toujours coincés sous les décombres, mais s’est refusé à donner un chiffre. Il faudra attendre « quelques jours » avant de parvenir à dresser un bilan complet.

Au moins 72 personnes tuées, plus de 60 disparus

Les corps d’autres membres de ce commando, qui serait formé de 10 à 15 personnes, pourraient se trouver sous les décombres. La Croix-Rouge a pour sa part évoqué « 60 à 70 personnes toujours disparues », tandis que les shebabs ont affirmé - via un compte Twitter - que 137 otages avaient péri.

Alors que le pays entamait ce mercredi les trois jours de deuil national décrétés par le président Uhuru Kenyatta, l’identité des assaillants reste inconnue. Plusieurs équipes d’enquêteurs sont actuellement dans le centre commercial, à la recherche de corps.

Onze suspect arrêtés, dont un Britannique d'origine somalienne

Interrogé sur la présence, au sein du commando islamiste, d’étrangers ou de Blancs, le porte-parole de la présidence kényane a expliqué que « selon les témoignages recueillis, il y avait une femme blanche ». Une affirmation réfutée par les shebabs - toujours via un compte Twitter -, qui affirment qu’ils avaient « suffisamment de jeunes hommes volontaires ».

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Onze suspects ont été arrêtés, avait déclaré le président Uhuru Kenyatta, mardi, sans donner plus de précision. Le ministère britannique des Affaires étrangères a pour sa part confirmé l’arrestation d’un ressortissant britannique. Cet homme de 35 ans, un Britannique d’origine somalienne, a été interpelé lundi à l’aéroport de Nairobi, alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol de la compagnie Turkish Airlines. Il avait le visage tuméfié au moment de son arrestation.


ANALYSE : une attaque qui démontre la capacité de nuisance des shebabs

Si l'intervention internationale menée en Somalie, notamment par l'armée kényane, a affaibli les shebabs, l'attaque de Nairobi montre que le mouvement jihadiste a des capacités pour se reconstruire et mettre en place des opérations d'envergure. Sur tous les plans, l'attaque menée par les shebabs est un « coup de maître ». C'est en tout cas la vision défendue par de nombreux experts.

• Choix du lieu. Le complexe commercial de Westgate était l'endroit le plus fréquenté par les expatriés. Un lieu « sécurisé », affirmaient les autorités kényanes.

• Stratégie militaire. Elle a également été parfaitement maîtrisée. Les assaillants, en attaquant par trois entrées différentes, ont dès le début de l'opération tué un maximum de personnes, avant de se disperser dans l'ensemble du bâtiment.

Les jihadistes ont ensuite accentué leur domination en prenant le contrôle de la salle vidéo. Dès le début de la contre-offensive, les combattants shebabs ont observé les déplacements des forces spéciales et des civils.

• Maîtrise de la communication. Enfin, le commando terroriste a parfaitement maîtrisé la communication sur cette tragédie. Via Twitter notamment, en commentant quasiment en direct l'opération, en menaçant aussi de tuer les otages, alors que dans le même temps, les autorités et la télévision nationale peinaient à donner des informations précises sur les évènements.

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