Libye: comparution devant la justice d’anciens piliers du régime de Kadhafi

En Libye, trente-six piliers de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi ont comparu devant une chambre d'accusation, ce jeudi 19 septembre 2013 au matin, où ils se sont vus présenter une dizaine de chefs d'accusation. L'ancien chef des renseignements Abdallah al-Senoussi, et l'ancien Premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi, étaient présents à l'audience, mais pas Seif al-Islam Kadhafi. Les autorités de Tripoli ont toutes les peines du monde à obtenir son transfert de Zenten.

D'après des témoins, l'ambiance était tendue au tribunal ce jeudi matin et la sécurité renforcée. Parmi les accusés, il y avait Mansour Dhao, l'ancien chef des gardes populaires de Mouammar Kadhafi, mais aussi son ancien Premier ministre et surtout son ex-chef des renseignements Abdallah al-Senoussi, désigné responsable de la mort de centaines d'islamistes de la prison de Buslim en 1996. Mais les chefs d'accusation présentés à ces poids lourds de l’ancien régime couvrent essentiellement la répression de la révolution, donc la période post-février 2011. Ils sont poursuivis pour crime de guerre, assassinat, complot contre l'Etat, ou incitation au viol. Il s'agissait là d'une audience de mise en accusation puisque le procès ne débutera que dans six semaines au plus tôt.

Seif al-Islam jugé à Zenten

Seif al-Islam Kadhafi, le fils de l’ancien dirigeant, était le grand absent de cette audience. Les responsables de Zenten, c'était prévisible, n'ont pas fait suite à la demande du procureur général Abdelkader Radouane, qui a ordonné mercredi qu'il soit transféré de Zenten à Tripoli. Pour rappel, c'est l'un des chefs de la brigade de Zenten qui a capturé le fils Kadhafi en novembre 2011.

C'est donc une nouvelle fin de non-recevoir pour les autorités de Tripoli, qui ont peu d'emprise sur la puissante brigade située à deux cent kilomètres à l'ouest de la capitale. Seif al-Islam n'était donc pas à l'audience de Tripoli mais, difficile de croire à une coïncidence, il a comparu lors d'une audience éclair ce matin devant un tribunal de Zenten flanqué de deux gardes au visage protégé par des masques et vêtus de gilet pare-balles. Ce procès pour atteinte à la sûreté de l'Etat a été ajourné au 12 décembre mais le message de la brigade est clair : « Nous sommes en mesure de le juger chez nous ».

Camouflets pour la CPI

Les apparitions devant deux cours libyennes de Seif al-Islam Kadhafi et de Abdallah al-Senoussi sont aussi humiliantes pour la Cour pénale internationale (CPI). Elle avait rejeté en mai dernier l'exception d'irrecevabilité soulevée par les autorités judiciaires libyenne car, selon elle, la Libye n'est ni en mesure d'assurer la sécurité de Seif al-islam durant un éventuel procès en Libye ni en mesure d'organiser une enquête préliminaire et un procès en bonne et due forme. La Libye a interjeté en appel, même si pour l’heure aucune date n’a été fournie par la CPI pour cette nouvelle audience.

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