C’est la première fois que tous les programmes à travers le pays - faisant travailler 1 500 personnes - sont interrompus. Une dizaine de localités sont touchées, dont Mogadiscio, Kismayo, mais également Galcayo ou encore Burao au Somaliland.
MSF quitte la Somalie et ce sont une cinquantaine d'humanitaires européens qui s'en vont et les 1 800 Somaliens qui travaillaient pour l'ONG se retrouvent sans emploi. L’organisation humanitaire a soigné, en 2012, environ 30 000 enfants malnutris sévères et a assuré près de 600 000 consultations médicales gratuites.
Joint par RFI, Denis Gouzerh, administrateur au Conseil d’administration de MSF, explique ce départ par l’insécurité générale pour les équipes, sur place.
« C’est véritablement un ensemble de problèmes que nous avons eu avec toutes les autorités – civiles, militaires, légales, légitimes – et les différents groupes qui combattaient sur le sol somalien », a-t-il expliqué avant de mentionner les derniers évènements extrêmement graves qui ont amené l’organisation à prendre cette décision, à contre cœur.
« D’abord le meurtre de deux de nos collègues - en 2011 - et puis la capture, pendant près de deux ans, de deux autres collègues à nous. Nous avons quand même eu à subir 16 assassinats en 20 ans, auxquels on doit rajouter un certain nombre de kidnappings et un certain nombre de violences sur nos structures médicales », a rappelé Denis Gouzerh estimant que « le respect des principes humanitaires existe de moins en moins, aujourd’hui, en Somalie ».
L’accès aux soins deviendra « un gros problème »
En Somalie, MSF était l’une des rares ONG internationales encore présente. Le départ de MSF représente une perte très importante en termes d’organisation médicale et de secours d’urgence.
Denis Gouzerh confirme, qu’effectivement, du jour au lendemain, un certain nombre d’hôpitaux - gérés par MSF à hauteur de 20 millions d’euros par an - vont se retrouver abandonnés. De ce fait, l’accès aux soins « sera un gros problème dans les mois et les années à venir, en Somalie, si d’autres intervenants ne viennent pas ou si MSF ne peut pas revenir parce qu’il n’obtient pas de garanties de sécurité qui lui permettent de revenir », explique-t-il. « On hospitalisait environ 40 000 personnes par an. Donc c’est clairement 40 000 personnes qui, en 2013/2014, ne seront plus soignées. »