La jeune fille de 18 ans, arrêtée le 19 mai dernier, a quitté la prison pour femmes, près de Sousse, à 140 kilomètres au sud de Tunis, accueillie par son père, extrêmement soulagé. Il était en effet très inquiet par la dégradation de l'état psychologique de sa fille, en détention.
Amina était incarcérée depuis le 19 mai dernier, jour du meeting des jihadistes d’Ansar al-Chariah. Ce jour-là, elle avait choisi de peindre le mot « Femen » sur le muret du cimetière de la grande mosquée de Kairouan que certains considèrent comme la quatrième ville sainte de l’islam. C’est ce qui lui vaut d’être poursuivie.
Amina est aujourd’hui en libération conditionnelle. Elle doit encore comparaître « sans doute en septembre », selon son avocat. La jeune femme a été acquittée pour outrage et atteinte aux bonnes mœurs – en mars, elle avait fait scandale pour avoir publié, sur internet, des photos seins nus à la manière des Femen – mais elle reste accusée de profanation de sépulture. Cette dernière est passible de deux ans de prison ferme.
En Tunisie, la cause des Femen a plutôt suscité, dans l’ensemble, la désapprobation, à tel point que ce jeudi soir certains manifestants du Bardo, devant l’Assemblée nationale, sont allés jusqu’à lui demander, sur les réseaux sociaux, de ne pas les rejoindre pour ne pas donner un argument de plus aux islamistes pour décrédibiliser leur mouvement. Pourtant, son maintien en détention avait fini par déclencher un mouvement de solidarité en Tunisie. Beaucoup, à gauche, estimaient qu’il y avait une inadéquation entre la sévérité de sa peine et la gravité de son action.
En France, des responsables français, qui suivaient le dossier de près, se sont réjouis de sa libération. Ainsi, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement français et ministre des Droits des femmes, a exprimé le « soulagement de tous ceux qui sont attachés à la liberté d’expression ».