En Tunisie, la situation en Egypte a été très suivie par les médias mais aussi dans les discussions du quotidien, au café, dans la rue ou encore en famille. Situation également très suivie et commentée dans les réseaux sociaux avec notamment beaucoup de réactions sur Twitter et Facebook où le camp moderniste est très présent.
Beaucoup se félicitent de la confiscation du pouvoir par l’armée et tout le monde, finalement, se demande en Tunisie si un mouvement d’une telle ampleur pourrait également voir le jour.
Un an et demi après la victoire des islamistes, les déçus des élections sont de plus en plus nombreux, essentiellement en raison des difficultés économiques mais aussi du bilan politique du parti Ennahda. Pour ces raisons, l’actualité égyptienne a souvent un écho en Tunisie et, inversement, la révolution –on s’en souvient– avait pris, au Caire, quelques jours après la fuite du président tunisien Ben Ali, le 14 janvier 2011.
« Dans un processus révolutionnaire, tout est permis »
Pour Selim Kharrat, directeur de al-Bawsala, une ONG qui suit de près et analyse les travaux de l’assemblée Constituante en Tunisie - joint par RFI - cette mobilisation massive qui a abouti au départ forcé du président égyptien, Mohamed Morsi, ne le surprend pas.
« Il ne faut pas oublier qu’on est dans un processus révolutionnaire et que dans un tel contexte, tout est permis », a-t-il fait remarquer avant d’ajouter « Il n’y a pas si longtemps, après la mort du leader de la gauche radicale tunisienne, Chokri Belaïd, il y a eu un peu plus d’un million de Tunisiens dans la rue, ce qui est complètement incroyable dans un pays où il y a à peine 11 millions d’habitants », a-t-il rappelé.
Selim Kharrat estime également que ce qui se passe en Egypte pourrait avoir une influence sur la politique tunisienne et que les choses peuvent basculer, très rapidement.
« Personne ne croyait que Morsi allait perdre sa place. Les choses ne sont pas garanties. On n’est pas dans une transition stable, sur le plan politique. Tout est permis et tout scénario est envisageable » a tenu à souligner le directeur de al-Bawsala avant de conclure « Je pense que les islamistes tunisiens en sont bien conscients ».
Du côté du pouvoir, alors que le parti Ennahda est enlisé dans le processus d’adoption de la Constitution, le Premier ministre tunisien Ali Larayedh, dans un entretien à France 24, a jugé « peu probable » que le scénario égyptien se reproduise en Tunisie.
« Le niveau de conscience des Tunisiens leur permettra de faire la part des choses (…) Ils savent les efforts que nous déployons, compte-tenu des contraintes actuelles et de nos possibilités », a expliqué le chef du gouvernement. « Malgré tous les défis auxquels nous faisons face, rien ne justifie un tel mouvement de contestation en Tunisie, surtout qu'on a toujours préconisé le consensus et le dialogue », a-t-il ajouté.