En première ligne de cette lutte contre « l'immunisation de la Révolution », Nida Tounes, le parti de l'ancien Premier ministre, Beji Caid Essebsi, porté par des sondages favorables, et ses alliés de gauche et du centre au sein de l'UPT.
Pour les opposants au projet, cette loi est « immorale ». C'est à la justice de juger les cadres de l'ancien régime qui se seraient rendus coupables de crimes. « On veut punir des dizaines de milliers de citoyens, dit Taieb Baccouche, secrétaire général de Nida Tounes. On ne peut punir que par un jugement équitable et individuel sur la base d’un dossier et on donne à l’accusé le droit de se défendre ».
Pour Ennahda, ce projet de loi vise les cadres du régime Ben Ali les plus corrompus et les plus impliqués dans la dictature et la répression. Le parti Ettakatol, allié d'Ennahda, soutient le texte mais souhaite l'amender pour permettre par exemple d'éventuels recours devant la justice. Il faut aussi définir clairement qui est visé, et où placer le curseur. « Nous voulons différencier entre les anciens cadres, les technocrates, qui ont assumé des responsabilités sous le régime de Ben Ali, techniquement, affirme Mohammed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, des politiques et des gens qui ont participé à la répression, qui ont appliqué les tortures et les emprisonnements ».
A l'Assemblée constituante le débat sur le fond du texte a été reporté de plusieurs semaines. Mais dans la rue il n'est pas suspendu.