Procès en appel de Victoire Ingabire: un témoin à décharge disparaît puis réapparaît

L’opposante rwandaise Victoire Ingabire, condamnée en première instance en octobre 2012 à huit ans de prison pour « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre » et négation du génocide des Tutsis de 1994, est toujours jugée en appel. La présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), formation d'opposition non reconnue par Kigali, avait été arrêtée et incarcérée en octobre 2010 peu après son retour au Rwanda. Elle voulait se présenter à la présidentielle face au président Kagame. Depuis jeudi 16 mai, un témoin à décharge protégé est auditionné par la cour. Son récit contesterait le témoignage-clé pour le parquet d’un des co-accusés de Mme Ingabire.

Stupeur ce vendredi 17 mai au matin à la Cour suprême : au lendemain de son premier jour d'audition, le témoin de la défense ne s’est pas présenté. A ce moment-là, les juges demeurent incapables de donner la moindre explication à cette absence.

En fin de matinée, par téléphone, le porte-parole ce la Cour suprême explique que la femme, pourtant sous protection, a réclamé le droit de rentrer chez elle pour la nuit et que personne n’a estimé pouvoir l’en empêcher.

Mais à 14 heures, alors que l’audience est supposée être reportée au 24 mai, la Cour est de nouveau appelée à se réunir. Le témoin est réapparu. Elle explique qu’elle est enceinte et qu’elle ne se sentait pas très bien. La cour décide finalement de renforcer sa protection et de l’empêcher d’entrer en contact avec l’extérieur jusqu’à la fin de son témoignage.

Alain Mukuralinda, l'un des procureurs, estime que la crédibilité de son témoignage délivré jeudi est mise en cause : « Maître Gatera Gashabana et maître Iain Edwards avaient prétendu que c’était cette dame qui était venue les voir. Mais jeudi 16 mai, quand elle a commencé à témoigner, elle a dit : "Non, ce n’est pas moi qui suis allée voir messieurs les avocats. Ils sont venus me voir". »

L’audition doit se poursuivre vendredi prochain, offrant ainsi la possibilité à la défense de s’expliquer.

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