Le CPA (Crédit populaire d'Algérie), désigné comme chef de file des cinq banques qui vont participer à l’opération, vient de signer une convention avec l’ENPI (Entreprise nationale de promotion immobilière). Elle porte sur le financement de la construction de plus de 150 000 nouveaux logements.
Une autre convention avait été signée, fin avril, par cette même banque avec l'Agence pour l'amélioration et le développement du logement pour la construction, cette fois-ci, de 100 000 logements. Il s'agit de la plus grosse opération de financement par concours bancaire dans l'histoire de l'Algérie et l'une des plus importantes opérations au niveau mondial, se vantent les autorités algériennes.
Capacité en ciment insuffisante
Si les ambitions de l’Algérie sont grandes - 200 000 logements par an, selon le programme quinquennal du gouvernement - les capacités de construction ne sont pas suffisantes. Pour beaucoup d’observateurs ou acteurs du BTP le problème est ailleurs. Il n'y aurait pas, en Algérie, suffisamment d'entreprises compétentes pour réaliser de tels chantiers.
Conscient de ce handicap, le gouvernement algérien a décidé de faire appel à des entreprises étrangères. Des sociétés du BTP américaines, italiennes, portugaises, espagnoles et françaises se sont précipitées sur cet énorme marché.
Mais le secteur du BTP algérien n’est pas le seul handicap. Le pays manque cruellement de ciment. Un matériau dont les importations ont doublé en un an, pour atteindre 800 000 tonnes aujourd'hui. Il y a peu le Groupe public industriel des ciments d'Algérie annonçait la construction de quatre nouvelles cimenteries pour produire 5 millions de tonnes de ciment par an pour 2017. Trop tard pour un programme de logement censé lui aboutir en 2014.
Une crise persistante
Malgré tous ces nouveaux programmes de construction et ceux déjà réalisés, il reste encore beaucoup à faire en matière de logements en Algérie. Le ministère de l’Habitat recense près de 1,5 million de demandes. Un chiffre considéré en dessous des besoins réels du pays.
Les Nations unies se sont penchées sur ce phénomène, il y a deux ans. Après une visite en Algérie, la Rapporteuse spéciale de l’ONU, Raquel Rolnik, a mis explicitement en cause la politique du gouvernement et la corruption.
Un million d’habitations inoccupées, logements sociaux attribués à des non-nécessiteux, familles vivant dans des bidonvilles ou entassées dans de petits appartements, corruption dans la distribution de logements sociaux, envolée des prix des loyers... Si son rapport reconnaît les efforts du gouvernement depuis 1999 pour réduire la crise du logement, il met en cause la faiblesse des politiques suivies pour y parvenir.