Au moins vingt personnes ont été tuées, samedi et dimanche, dans la capitale centrafricaine. Les affrontements ont eu lieu lors d’opérations de la Seleka pour retrouver des armes.
Selon des témoins joints par RFI, des hommes de la Seleka ont pillé à tout va et ont fait usage de leurs armes. Des tirs ont même atteint une église baptiste du quartier de Boy-Rabe, faisant au moins sept morts et plusieurs blessés, dont des enfants amputés. La Fomac a elle-même été prise à partie avec un de ses soldats blessé, dimanche, dans le quartier Ouango.
Des diplomates reconnaissent avoir eu l'impression que plus personne, à Bangui, ne contrôlait plus rien ce week-end. Pour les responsables de la Fomac, il y a urgence à désarmer, au plus vite, ces éléments incontrôlables et incontrôlés. Cela semble être aussi l'avis du gouvernement.
Joint par RFI, Crépin Mboli Goumba, porte-parole du gouvernement, a annoncé l’arrivée « très prochaine » de renforts de la Fomac. Il a fait état de « 1 000 éléments de la Force multinationale d'Afrique centrale » qui auront pour mission « la sécurisation de la ville » avant de préciser que ces soldats « étaient déjà en route » pour Bangui.
Ceci dit, a assuré le gouvernement centrafricain, il n’y a pas que des éléments de la Seleka qui pillent et sèment la terreur dans les rues de Bangui, depuis des jours. « Il y a aussi des opportunistes et des milices pro-Bozizé qui ont revêtu l’uniforme », a affirmé Crépin Mboli Goumba.
Les habitants quittent Bangui
Les habitants de Bangui sont exaspérés. Ce qu'ils craignaient le 24 mars, lors de la prise du pouvoir par la Seleka, est en train de se produire : des pillages à grande échelle, un chaos qui paralyse toute activité, sans compter le danger que ce dernier leur fait courir.
Suite aux affrontements meurtriers de ce week-end, des quartiers entiers se sont vidés de leurs habitants. Beaucoup ont quitté Ouango pour se réfugier de l'autre côté du fleuve. D’autres habitants, comme ceux de Boy-Rabe, se sont quant à eux réfugiés par dizaines à l'hôpital de l'Amitié où ils ont passé la nuit dans les chambres des malades ou dans les couloirs.
D'après un habitant de ce quartier, joint ce lundi par RFI, il est encore trop tôt pour y retourner. « Ce matin, ils ont barricadé toute la voie du quatrième arrondissement ; des militaires sont entrés dans le quartier et ont tiré en l’air », a-t-il rapporté, avant de déplorer que sa maison avait été pillée la veille. « Ils ont absolument tout pillé. Ils ont tout pris », a affirmé ce témoin.
Toutefois, dans l’après-midi de ce lundi, la tension semblait être retombée, selon la confirmation de Georges Georgiantas, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Bangui, joint par RFI. « Depuis pratiquement 11h, ce matin, on n’entendait plus de tirs », a-t-il signalé tout en mettant l’accent sur le bilan donné par les secouristes de la Croix-Rouge centrafricaine qui ont transporté, pendant le week-end, 17 corps et plus de 45 blessés. « C’est certainement le bilan le plus lourd, depuis le 24 mars », a affirmé le chef du CICR à Bangui qui a également confirmé le départ de beaucoup de gens qui ont fui les quartiers de la capitale les plus touchés par la violence et qui traversaient le fleuve, dans des pirogues, pour gagner la République démocratique du Congo.