Le constat du commandant français d'EUTM est sévère. Pour le général François Lecointre, l'armée malienne est « destructurée », « incapable de se projeter dans l'avenir ». Bref, tout est à reconstruire.
La tâche des instructeurs européens est donc immense et se fera par vagues : quatre bataillons de 670 hommes seront successivement formés, soit au total quelque 2 700 soldats.
Au programme : des cours techniques, c'est-à-dire entraînement au tir, manœuvres, mais aussi des formations théoriques avec notamment des modules sur le respect du droit humanitaire. Les premiers éléments formés devraient être opérationnels au mois de juillet.
Le lieutenant-colonel Yacouba Sanogo dirige le premier groupement tactique interarmes qui sera formé par les militaires européens pendant dix semaines. Il attend beaucoup de cette formation :
Au total, 23 pays européens sont engagés dans cette mission de formation. La France est la plus impliquée, suivie par l'Allemagne, l'Espagne, la Grande-Bretagne et la République tchèque.
Pour le général Lecointre, c'est un « tour de force » d'avoir réussi à mettre sur pied une mission internationale en deux mois et demi.
Mais, au-delà de la formation initiale, l'armée malienne a aussi besoin d'équipements et d'un encadrement solide. L'Union européenne espère en tous cas faire mieux que les Etats-Unis, qui eux aussi ont beaucoup investi dans l'entraînement des soldats maliens.
Depuis 2009, le Pentagone aurait dépensé près de 500 millions d'euros au Mali dans le prolongement de l'initiative Pan Sahel, destinée à lutter contre le terrorisme. Le capitaine Sanogo, auteur du coup d'Etat du 22 mars 2012, avait notamment bénéficié de ce soutien américain.
Dans un premier temps, l’EUTM pourrait d'ailleurs se contenter de former des cadres, de futurs instructeurs maliens, car le gros des bataillons maliens est actuellement mobilisé pour mener la guerre contre le terrorisme.