Derrière le procès d'une gifle, dans tous les esprits, il y a le bras de fer qui a opposé en 2011 les salafistes et la direction de la Manouba. L'étudiante qui accuse le doyen de violences, avait été exclue pour avoir porté le voile intégral en cours. Ce que le règlement de l'université interdit.
Le doyen Habib Kazdaghli estime qu'il n'aurait pas dû être traduit en justice : « Il y a des pressions qui sont faites par l'exécutif. Nous étions victimes en tant qu'administration, en tant que professeur et finalement c'est moi qui est traduit en justice. Qui fait la traduction ? C'est le procureur. De surcroît, le Parquet avait demandé à requalifier les accusations. Au début, j'étais poursuivi pour des violences légères. Par la suite, je suis poursuivi en tant que fonctionnaire. Je suis devenue passible de cinq ans de prison. »
Devant les grilles du tribunal, jeudi 28 mars, des centaines de personnes sont venues soutenir le doyen : collègues, associations tunisiennes mais aussi européennes. Un manifeste international de solidarité a recueilli plusieurs centaines de signatures. Ce collectif était représenté sur place par Alain Messaoudi, un professeur à l'EHESS, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales : « Il y a un enjeu politique. Il y a certainement donc une volonté d'exerce une pression sur la personne d'Habib Kasdaghli. Et donc d'émettre un signe envers les universitaires du pays. Et ce n'est pas un hasard si cela a touché la faculté des lettres. Là où il n'est pas simplement question de sciences mais d'un espace critique possible.»
L'audience a été reportée pour cause de grève des magistrats qui dénoncent le manque d'indépendance de la justice.