Au plus fort de la crise, la mission catholique de Duékoué accueillait 30 000 déplacés, qui s’étaient placés sous la surveillance du père Cyprien Ahouré. Tout naturellement, il a été nommé président de la commission locale de la CDVR, une institution créée il y a plus d'un an et demi mais qui a posé très peu d'actes concrets depuis sa mise en place.
En finir avec le sentiment de frustration
Avec son mandat, le prêtre espère pouvoir changer les choses. « Il y a beaucoup de retard, des frustrations. Le pays fonctionne normalement, mais on a oublié les hommes », juge Cyprien Ahouré.
« Les hommes crient justice, les hommes attendent, concrètement, des actes de réparation. Et ça tarde à venir. Ça ne vient pas… Les victimes sont inquiètes », liste le président de la commission de Duékoué. Et c’est justement « pour mettre un peu la pression et dire que il est temps d’aller de l’avant », qu’il a accepté d’y siéger.
«Rien ne sera édulcoré»
Le père Cyprien a été le témoin des nombreux crimes qui ont été commis pendant et après la crise post-électorale. Il compte utiliser son rôle à la CDVR pour se faire le porte-parole des victimes. « Il y a des conclusions qui ne sont pas données au niveau des enquêtes », note-t-il, promettant de « ne pas rester les bras croisés. »
Pour lui « rien ne sera édulcoré. Toutes ces vérités vont nous aider, justement, à aller de l’avant dans le processus de réconciliation. » Les membres des commissions locales doivent bientôt entamer une formation pour ensuite s'engager sur le terrain.