Le soir s’apprête à tomber, c’est l’heure des dernières affaires sur le marché, beaucoup plus animé que le bureau de vote tout proche. Malgré tout, la plupart des commerçants ont le petit doigt teinté de rose, signe qu’ils ont voté.
L’étal de poisson commence à être envahi par les mouches à cette heure-ci. Kurwa, le vendeur, est allé voter, abandonnant un temps ses affaires. Il ne veut pas dire si c’est pour le « oui » ou pour le « non » mais c’est probablement pour le « oui » parce qu’il considère cette Constitution comme plus libérale.
Plus de libertés que dans le texte adopté en 1979 et connu comme l’accord de Lancaster House, qui fait la part belle à l’exécutif, amendé dix-neuf fois mais toujours en vigueur aujourd’hui.
Les deux principaux partis appelaient à voter « oui »
La nouvelle Constitution, si elle est adoptée, limite un peu les prérogatives présidentielles (deux mandats de cinq ans seulement) mais elle n’empêchera pas Robert Mugabe, à 89 ans et au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, de se présenter à nouveau à la prochaine élection, en principe avant la fin de l’année. Les compteurs seront en effet remis à zéro.
Comme Kurwa, certains Zimbabwéens ont été convaincus par le texte. D’autres, partisans de la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique) ou du MDC (Mouvement pour le changement démocratique), ont suivi le mot d’ordre de leurs partis, qui appelaient tous à voter « oui ».
La petite vendeuse de biscuits, elle, n’est pas allée voter. « La politique ne m’intéresse pas, dit-elle. Elle ne nous rapporte jamais rien. »
A noter qu’en marge du scrutin, un responsable régional du MDC, parti de Morgan Tsvangirai, a été arrêté à Headlands. Selon la police, fidèle au président Mugabe, Samson Magu Mura est accusé d'avoir tenté d'assassiner un responsable de la ZANU-PF.