Référendum constitutionnel au Zimbabwe, étape importante avant de nouvelles élections

Les Zimbabwéens se prononcent ce samedi 16 mars par référendum sur la Constitution. Les bureaux de vote sont ouverts de 7h00 à 19h00, heure locale ( TU+2 au Zimbabwe). Les principaux partis, dont la Zanu Pf du président Mugabe, et le MDC, le parti d’opposition du Premier ministre Morgan Tsvangirai, soutiennent le texte.

Beaucoup de Zimbabwéens vont voter ce samedi 16 mars sans savoir exactement ce qu’il y a dans le projet de Constitution. Certains sont pleins d’espoir, comme Kasikai Tchibura, qui vend de la quincaillerie sur le marché. Selon lui, « C’est sûr, tout va changer, tout va aller mieux, le travail, tout…. ». Il a une vague idée de ce que propose le texte. Tanatswa Zimunya, une mère de famille de trois enfants, aussi, même si elle reconnaît qu’elle n’en sait pas grand-chose. Ce qui l’a convaincue, c’est que les principaux partis soutiennent la nouvelle Constitution. Alors elle va voter « oui », parce que, dit-elle, « nous avons besoin de paix, pas de violence, parce que s’il y a des violences, on ne peut pas travailler ».

Une Constitution un peu plus libérale

Il est vrai que Robert Mugabe, et son adversaire, Morgan Tsvangirai, soutiennent le texte, qui a été l’objet d’âpres négociations. Le projet de Constitution limite un peu les pouvoirs présidentiels, garantit un peu plus les droits civiques des Zimbabwéens, met l’accent sur la parité homme femme et organise la décentralisation du pays. Le mandat présidentiel est ainsi limité à deux fois cinq ans, et les vice-présidents seront désormais élus et non plus nommés.

Des points positifs, salués notamment par l’organisation des juristes zimbabwéens pour les droits de l’homme. Mais l’organisation pointe un certain nombre d’aspects négatifs : l’exécutif conserve trop de pouvoir, les institutions manquent toujours d’indépendance, qu’il s’agisse de la nomination des juges ou du rôle que pourraient jouer la commission zimbabwéenne pour les droits de l’homme. Et puis le contrôle des médias est encore trop fort, souligne l’organisation qui plaide pour une autorégulation du secteur.

Enfin beaucoup s’interrogent sur les mesures transitoires comprises dans ce projet de constitution. Certaines dispositions du texte n’entreront en vigueur que dans dix ans. De quoi douter de la volonté du pouvoir de réformer les institutions avant les élections qui doivent se tenir avant la fin de l’année.

Aller de l’avant

Mais cette nouvelle Constitution, c’est surtout une manière d’aller de l’avant après quatre ans de partage du pouvoir et une cohabitation difficile entre la Zanu Pf et le MDC. Les partis politiques l’appellent donc de leurs vœux, et le processus est largement soutenu par la communauté internationale, SADC ( la Communauté des Etats d'Afrique Australe) en tête. Pendant la campagne, les tenants du « oui » ont largement dominé. Mais il n’est pas certain que tous les Zimbabwéens aillent aux urnes.

Certains, comme Peter, un petit marchand militant du MDC, estiment que rien n’a changé, que les gens sont terrorisés. Mais le plus grand ennemi du référendum aujourd’hui, c’est l’abstention. Dans les grandes villes comme Harare, la capitale, les électeurs se méfient des partis politiques, Zanu Pf et MDC, renvoyés dos à dos.

Pour la sociologue Rudo Gaidzanwa, de l’université du Zimbabwe, ce référendum sur un texte, que presque personne n’a lu, est symptomatique de la démobilisation des citoyens.

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