Vendredi, ce sont des barricades, érigées sur un pont, sur l’autoroute Fidel Castro, non loin du marché central de Conakry, qui ont mis le feu aux poudres. Des affrontements ont éclaté à cet endroit peu avant 9 h du matin et se sont vite propagés dans presque tous les quartiers dortoirs de la grande banlieue de la capitale guinéenne.
Des affrontements qui ont fait des dizaines de blessés, des pillages et des vols, souvent sous l’œil impuissant ou volontaire, par endroit, des forces de l’ordre, qui regardaient faire en spectateur.
Le pire a été évité de justesse à Matoto dans le sud-est de la ville, grâce à la gendarmerie lorsque, à la sortie des mosquées, peu après la prière de 14 h, deux importantes communautés ont failli se livrer une bataille ethnique qui s'est déportée sur le marché du quartier.
En milieu de journée, la présidence guinéenne a publié un communiqué dans lequel elle a dit regretter ces incidents dans certains quartiers de la capitale, sans se prononcer sur leur origine.
En attendant, ce sont des milliers de personnes qui ont tout perdu, dans des vols ou dans des incendies criminels, comme dans un centre commercial du grand marché de Madina, poumon économique de la capitale guinéenne.
Alpha Condé appelle au calme et à la responsabilité
C’est au sortir de cette folle ambiance que le gouverneur de Conakry, Sekou Resco Camara, a décidé de la fermeture du marché pour la journée de ce samedi. Le temps pour lui, peut-être, d’évaluer l’ampleur des dégâts et de ramener le calme.
Pour sa part, Alpha Condé, très diminué, a sollicité le concours des acteurs politiques et des religieux pour ramener le calme dans la cité, lors d'une intervention sur la télévision d'Etat : « L’Etat est le garant des libertés fondamentales, mais aussi de la sécurité des personnes et des biens. Toutes tendances confondues, vous devez éviter les provocations, les vengeances personnelles, et de vous rendre justice vous-même », a-t-il déclaré.
« La loi qui fonde les libertés est la même loi qui fixe les responsabilités. L’exercice de la liberté ne doit pas devenir synonyme de pertes en vies humaines, de casse des biens d’autrui, et d’incitation à la haine. Je demande aux sages et aux religieux, aux forces de l’ordre, aux élus locaux et aux dirigeants des partis politique d’appeler au calme, à l’apaisement et au dialogue sur l’ensemble du territoire national ».
La FIDH «vivement préoccupée»
Dans un communiqué publié sur son site internet vendredi 1er mars, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) s'est dite « vivement préoccupée par la situation politique et sécuritaire qui prévaut à Conakry, à la suite des violences survenues au cours d'une manifestation le 27 février 2013 ».
Thierno Maadjou, président de l’OGDH (Organisation guinéenne des droits de l’homme), a enjoint les différentes parties à « impérativement éviter de retomber dans une logique de violence », jugeant « nécessaire que les acteurs politiques puissent dialoguer afin d’organiser des élections législatives au terme d’un processus inclusif, conformément aux accords de Ouagadougou du 15 janvier 2010 ».