Avec notre envoyé spécial à La Haye, Cyril Bensimon
Cette déclaration est d’autant plus attendue que Laurent Gbagbo ne s’est plus exprimé depuis décembre 2011 et sa première comparution devant la CPI. Cela dit, durant les sept premiers jours d’audience, l’ex-président ivoirien n’est pas resté passif. Depuis le box des accusés, il saluait ses partisans, ses amis. Des partisans qui, une fois de plus, ont bravé le froid pour encourager leur champion. Laurent Gabgbo a également suivi avec assiduité les audiences, acquiesçant ou contestant d’un geste la teneur des débats.
Jusque là, les équipes du procureur et de la défense se sont affrontées à fleuret démoucheté tout en gardant des coups en réserve. La stratégie des avocats de l’ex-président ivoirien qui dénoncent un procès politique a porté principalement sur trois axes. Tout d’abord, ils ont expliqué que si Laurent Gbagbo devait être jugé, c’était en Côte d’Ivoire, comme ses proches, et non à La Haye. Ensuite, ils ont tenté de discréditer le travail du procureur en l’accusant d’être imprécis et partial. Enfin, ils ont affirmé que les violences commises durant les dix années de crise ivoirienne devaient être imputées aux forces nouvelles et à Alassane Ouattara, qui ont déclenché les hostilités, et non au président déchu.
Laurent Gbagbo a, par ailleurs, changé d’allure. Il arbore désormais des petites lunettes rondes qui rappellent très opportunément le Mahatma Gandhi, apôtre de la non-violence. Il devrait cet après midi, sauf coup de théâtre, continuer à développer sa thèse, celle d’un président africain ayant tout fait pour éviter la guerre en demandant le recompte des voix mais finalement renversé par la volonté de la France, l’ancienne puissance coloniale.
Cette théorie du complot reçoit un écho dans une partie de l’opinion africaine. En sera-t-il de même avec les trois juges de la CPI ? La réponse sera connue, sauf nouvelle requête, d’ici deux mois.