RDC : l'ONU veut créer une force spéciale contre les groupes armés

Onze pays africains ont signé un accord cadre pour restaurer la paix dans l’Est de la RDC, le 24 février à Addis-Abeba, aux côtés du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Parmi les signataires, la RDC, le Rwanda, l'Ouganda et l'Afrique du Sud. Le texte interdit tout soutien extérieur aux rebelles. Il mentionne aussi les réformes attendues de Kinshasa pour rétablir des institutions dans l'Est. Enfin, l'accord appelle à une nouvelle stratégie de l'ONU en RDC. L'Organisation veut créer une force spéciale au mandat plus offensif que les traditionnels casques bleus pour lutter contre les rebelles. 

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour

Cette force spéciale baptisée Brigade d’intervention n’est pas explicitement mentionnée dans le texte de l’accord, mais elle est bien au cœur de la nouvelle stratégie de l’ONU en RDC. L’ONU agit donc en deux temps : un accord diplomatique pour couper les soutiens extérieurs des groupes armés dans l’Est du Congo et un renforcement militaire pour les neutraliser.

Il ne s’agit plus seulement de faire du maintien de la paix comme le font déjà les 17 000 casques bleus présents en RDC et qui sont régulièrement accusés d’être inefficaces, mais de combattre directement les groupes armés, à commencer par les rebelles du M23. Cette brigade aura un mandat très offensif. Au siège de l’ONU, à New York, on parle « d’imposition de la paix ».

Cette force doit être autorisée par le Conseil de sécurité dans les semaines qui viennent. Tous les détails ne seront pas connus. On sait que la Brigade d’intervention se composera d’environ 2 500 hommes. L’Afrique du Sud et la Tanzanie ont promis de fournir des soldats. Ils seront appuyés par des hélicoptères de combat et des drones de surveillance.

Réactions partagées

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, présent à la cérémonie de signature, a salué cet accord tout en soulignant « qu'il ne s'agissait que du début d'une approche globale qui nécessitera un engagement soutenu » de la part de la communauté internationale. C'est aussi l'opinion de l'Afrique du Sud, qui est signataire de l'accord d'Addis-Abeba et prête à contribuer à la future brigade d'intervention.

Pour sa part, le président congolais Joseph Kabila s'est engagé à « respecter les obligations » comprises dans l'accord. Mais un collectif d'ONG congolaises et internationales est plus sceptique, notamment sur la révision du mandat de la Monusco, ouvrant la voie à la création d'unebrigade d'intervention spécifique. Parmi elles, l'ONG Soprop, Solidarité pour la promotion sociale et la paix. Arnold Djuma, son représentant à Goma, dans l'est de la RDC, particulièrement touchée par l'instabilité, s'en explique.

Sur le terrain

Des tirs nourris ont été entendus le 24 février à Rutshuru-centre, au Nord-Kivu, dans une zone contrôlée par la rébellion du M23. Selon des témoins joints sur place, ils ont duré une demi-heure. Le porte-parole du M23 ainsi que son chef politique, Jean-Marie Runiga, joints par RFI affirment qu'il s'agissait d'une attaque de rebelles hutus rwandais des FDLR, Forces démocratiques de libération du Rwanda, qui se sont ensuite dispersés dans le parc des Virunga. Pas de bilan à l'heure actuelle.

A lire: dernier rapport d'activité de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco)

Partager :